Souvent qualifiée avec quelque complaisance de « bonne dame de Nohant », George Sand n’a pourtant cessé d’explorer dans ses écrits, et jusqu’à la fin de sa vie, ce qui était à la marge : de la société, de l’Histoire, des genres littéraires. S’intéressant aussi bien à ces espaces physiques et psychologiques loin des sentiers battus qu’à ceux qui les hantent ; soulignant subtilement les hiatus qui trahissent le désaccord ou la remise en question des consensus sociaux, politiques ou religieux et un rapport somme toute ambigu à l’Histoire ; s’interdisant de s’enfermer dans un carcan générique pour mieux s’approprier des modèles antérieurs afin de les faire pleinement siens, George Sand, dans ses romans, ses contes, ses pièces de théâtre et ses « fantaisies », construit une authentique poétique de la marge qui révèle la fécondité de la notion d’écart.