Pour rassembler les ami(e)s de George Sand autour de l’œuvre à l’occasion du Bicentenaire de sa naissance, nous proposons un travail à recommencer sans cesse sur les notions épistémiques de l’histoire et de la temporalité. Ces deux notions, liées ontologiquement, forment un centre d’intérêt capable de révéler la richesse de la production littéraire, de fiction, d’autobiographie et d’essai, plutôt méconnu.

L’autobiographie noue le lien entre l’individuel et le collectif comme montrent les désaccords qui se manifestent à trois niveaux différents: tout d’abord dans les rapports inter-personnels limités par les barrières sociales (aristocrates, bourgeois, paysan, ouvrier), ensuite dans le télescopage trans-générationnel perpétuant les traumatismes et ensuite dans le hasard des guerres (le maréchal de Saxe, le père aide de camp de Murat, le Voyage en Espagne).

En ce qui concerne l’œuvre romanesque, les travaux de la Nouvelle Histoire ont insisté sur l’impact de l’histoire des mentalités dans la vie quotidienne, ce qui renforce une écriture qui s’intéresse aux détails psychologiques et concrets. Les croyances et les rites religieux font autant de retours dans l’histoire d’une mythopoétique qui incorpore le désir du texte caché et révélé en même temps par l’auteur à la recherche d’une vie humaine moins misérable. Les luttes et les débâcles se révèlent à travers les mythes celtes, les révoltes des frères moraves, les guerres des Hussites, la verte Bohème.

La perspective historique de l’auteur transcende le découpage en genres idéaliste et réaliste constitutif de la réaction de la critique littéraire au 19e siècle. Le mélange des genres pratiqué par l’écriture romanesque sandienne produit un genre narratif préparant le bricolage post-moderne. En même temps, George Sand reste héritière des lumières, en insistant sur le progrès mental de l’humanité qui ne se réduit pas au progrès technique.

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