magazine littéraire
N° 431 MAI 2004 5,60 €

Extrait du Sommaire

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DOSSIER
George Sand

 

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L’ŒUVRE
Une vie, mille histoires
par Martine Reid
Thierry Bodin : « une écriture spontanée »

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L’HISTOIRE
Une rebelle face à son siècle

entretien avec Michelle Perrot, propos
recueillis par Pierre-Marc de Biasi
Chronologie
LE CERCLE
Sand et compagnie
par José-Luis Diaz
Une figure internationale
par Françoise Genevray
Balzac, camarade et confrère
par Françoise van Rossum-Guyon
Alfred de Musset,
un amour passionnel

par Frank Lestringant
Victor Hugo, une amitié
née de l’exil

par Jean-Marc Hovasse
Flaubert, une proximité filiale
par Pierre-Marc de Biasi

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Du romanesque sandien
par Nicole Mozet
Un idéalisme critique
par Damien Zanone
Le salut par le style
par Eric Bordas
INÉDITS
Trois lettres de George Sand
L’ART
Du modèle à l’artiste
un entretien avec Nicole Savy
LE FÉMINISME
Femme ? la question inévitable
par Christine Planté
La femme fait-elle partie du peuple?
par Laure Adler
Michelle Perrot : « Sand n’a pas trahi le féminisme»
SAND AUJOURD’HUI
La vitalité des études sandiennes
par Brigitte Diaz
L’année du bicentenaire
un entretien avec Reine Prat

George Sand
Celle qui a eu toutes les audaces…

Editorial de Pierre-Marc de Biasi

Depuis des générations, la mémoire de George Sand était embaumée dans l’expression lénifiante et convenue de « la bonne dame de Nohant », elle qui a été si irrespectueuse des convenances. À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, il est temps de mettre fin à ces clichés.
George Sand a eu toutes les audaces, publiques et privées : celle de s’habiller en garçon et de fumer le cigare, celle de dénoncer l’aliénation du mariage et d’affirmer les droits de l’amour passion, celle de croire au génie du peuple et d’écrire selon son cœur. Sa devise était « Liberté, égalité, solidarité ». Elle s’est battue contre l’obscurantisme des Églises et le mépris des nantis. Elle a été obstinément fidèle à ses amis et à l’idéal d’une République apaisée, contre l’oppression des dictatures et la violence sanglante des révolutions. Elle a prêté sa voix aux humbles, aux malheureux, à tous ceux qui n’avaient jamais eu la parole devant l’Histoire : un combat, assurément, qui est loin d’être terminé.
Elle a cru à la souveraineté de l’art, à la profondeur des traditions populaires, à la mission sociale de la littérature, en inventant une image moderne de l’écriture engagée. Elle a adoré la nature et détesté le culte du profit, en entrevoyant ce que la toute-puissance de l’économie de marché allait faire à la planète. Elle fut l’une des toutes premières à dénoncer l’esclavage des femmes et à combattre pour leur indépendance. Qui pourrait douter que ces luttes ne soient encore les nôtres ?
En croisant toutes ces audaces, et par la force tranquille du travail, Sand a édifié une oeuvre colossale dont il nous revient aujourd’hui de redécouvrir l’actualité. Femme-siècle, elle a représenté pour le monde entier une figure flamboyante de la France, résistante et démocrate, avec une intensité et une évidence qu’elle n’a partagées qu’avec Victor Hugo. Voici donc George Sand, notre contemporaine.