Des sandiens répondent à vos questions :

Aline ALQUIER, Marielle CAORS, Colette PETIT-PERRIN, Thierry DERIGNY, Bernard HAMON, Sylvie VEYS, Martine WATRELOT…

Envoyez vos questions
par email ou par voie postale : Association Les Amis de George Sand,
Mairie de la Châtre, Place de l’Hôtel de Ville, 36400 LA CHÂTRE (France),
en précisant obligatoirement, dans les deux cas, vos coordonnées postales,
sans lesquelles nous ne pourrons pas vous répondre. Merci ! !

Nous demandons à nos correspondants de ne nous poser que des questions précises, d’ordre technique. Nous ne répondrons pas aux questions dont la réponse se trouve
dans les manuels scolaires et les ouvrages les plus usuels.

SOMMAIRE

Sujets de recherche pour
travaux de fin d’étude

Recherches de citations Relations de
George Sand avec ses contemporains
Questions sur la vie et les idées de George Sand Questions diverses Recherche d’ouvrages de ou sur George Sand Questions pour l’écriture d’articles sur George Sand

Etudes sur les romans, nouvelles et contes :

Etudes sur les romans pour les collégiens et les lycéens :

 

 

 

Autres études :

RÉPONSES

« Elle et lui » de George Sand m’a été imposé comme sujet de recherche de mon travail de fin d’étude. J’aimerais savoir quels sont les aspects intéressants de cet ouvrage que je pourrais développer dans mon travail.

Réponse de Sylvie Veys

Me fiant à mes souvenirs de lecture, je me permets de vous donner dès maintenant quelques pistes de recherches :
Si vous souhaitez étudier la source biographique de ce roman, il est important de pouvoir discerner quels sont les éléments de sa liaison avec Musset que Sand a utilisés dans son roman – et donc lesquels sont les plus importants et par là les plus révélateurs de son caractère. Dans votre documentation au sujet de la liaison Sand – Musset, méfiez-vous toutefois des livres partisans volontairement menteurs qui sont ou contre Sand ou contre Musset (comme ceux de Maurras ou de Guillemin). Je vous recommande les ouvrages suivants :
– POMMIER, Jean. Autour du drame de Venise. George Sand et Alfred de Musset au lendemain de « Lorenzaccio ». s.l. : Nizet, 1958.
– CHOVELON Bernadette. Dans Venise la rouge. Les amours de George Sand et Musset. Paris : Payot & Rivages, 1999.
– POLI, Annarosa. L’Italie dans la vie et l’œuvre de George Sand. Armand Colin, 1960.
Présence de George Sand, n°28, « Le Journal de Pagello ».
Présence de George Sand, n°29 « Le Dossier Elle et Lui ».
Pour ce sujet comme pour tous les autres, la Correspondance éditée par Georges Lubin reste une mine de renseignements. On consultera aussi l’édition de la Correspondance Sand-Musset éditée par José Luis Diaz :
Sand et Musset : Le roman de Venise. Composition, préface et notes de José Luis Diaz. Arles : Actes Sud, 1999. 564 p. Babel, « Les Epistolaires »
Il me semble qu’il serait dommage de traiter l’image que George Sand donne d’elle-même dans Elle et lui sans en faire une comparaison avec celle que donne d’elle Musset dans La Confession d’un enfant du siècle. Ces deux romans sont indissociables quoiqu’assez différents. La Confession d’un enfant du siècle a été écrite par Musset immédiatement après sa rupture avec Sand. Il n’a pas de distanciation par rapport aux événements et souhaite donner une belle image de la femme qu’il aime encore certainement. Il n’écrit donc pas ce livre comme une vengeance. Le but de Sand n’était pas non plus de se venger, quoique certains l’ont dit. Mais lorsqu’elle écrit ce livre en 1858, presque 25 ans se sont écoulés depuis les faits. Elle a eu le temps de réélaborer, consciemment ou inconsciemment, son histoire et d’en donner la version qu’elle juge juste, non pas tant dans les faits que dans les caractères des personnes justement.
A ce propos, je ne peux que penser à la citation de Maurice Toesca au sujet d’Histoire de ma vie :
« Il faut faire confiance aux écrivains qui prennent le soin de rédiger leurs Mémoires. Leurs arrangements des faits ont une signification. S’ils ont cherché à donner d’eux tel visage, c’est qu’ils tenaient à ce visage, – et c’est cela l’important. Un être n’a qu’une vérité, celle qu’il entend qu’on attache à sa personne. Je ne dirais pas la même chose en ce qui touche à son œuvre, certes, mais je maintiens que l’âme n’a pas de meilleur peintre que celui qui la porte. L’Histoire de ma vie peut bien comporter quelques erreurs de dates ou de lieux, nous devons tenir compte des éléments sentimentaux et psychologiques qu’elle nous révèle. Ainsi, tout ce que George Sand écrit sur son fils, sur ses amis, sur ses propres passions et sentiments, sur ses jugements, je le considère comme essentiel, comme vrai du moment qu’elle le dit, du moment qu’elle a voulu que l’on pense cela. « 
TOESCA, Maurice. Le plus grand amour de George Sand. Paris : Albin Michel, 1980. p.23.
Cela amène bien sûr la distinction la vérité (la vision que l’auteur a d’elle) et la véracité des faits (la reprise ou non dans le roman d’éléments historiques réels).
D’autre part, bien que cette citation traite d’Histoire de ma vie, il vous faut faire une distinction entre une autobiographie assumée comme l’est Histoire de ma vie (où l’auteur conclut avec le lecteur ce que Philippe Lejeune appelle un pacte autobiographique, c’est à dire un engagement de dire sa vie honnêtement et le plus véridiquement possible) et une œuvre de fiction où l’auteur se met en scène. Ces dernières œuvres sont récurrentes chez Sand, depuis les Lettres d’un Voyageur jusqu’à Elle et lui. George Sand avait déjà créé une forme d’autofiction au 19e siècle et Elle et lui fait partie de cette veine. Le roman duquel Elle et lui se rapproche le plus est Lucrezia Floriani, évoquant la rupture avec Chopin. S’il y a des différences importantes entre la conception de ces romans, il y a néanmoins de grands points communs.
A priori, il n’apparaît pas très utile pour une analyse littéraire de Elle et Lui de parler longuement de Lui et Elle de Paul de Musset ou de Lui de Louise Colet. Ces deux livres ont été écrits en réaction à Elle et lui et, étant postérieurs, ils ne peuvent fournir d’indication sur sa création.
Il me semble qu’au centre de cette histoire il y a le récit d’un enlèvement d’enfant – du fils de Thérèse. Si tel est bien le cas et si, comme je crois m’en souvenir, l’amour maternel prime de loin sur l’amour de l’amant, c’est une peinture absolument fidèle de George Sand, puisque, dans toute sa vie, l’amour de son fils Maurice guida ses actions et ses sentiments. L’amour du fils est toujours le plus important et un amant n’est aimé réellement que si lui même devient un nouveau fils pour l’héroïne.
Il ne s’agit que de premières pistes de recherches, mais la lecture des ouvrages mentionnés vous en fera sans aucun doute découvrir d’autres.

Je prépare une étude sur un romancier anglais peu connu, nommé Jessie Fothergill, 1851-1891. Je recherche des informations au sujet d’une citation du « Marquis de Villemer » de George Sand : « Où allait donc Mademoiselle de Saint-Geneix, en pleine nuit et en pleine montagne, dans un pays perdu ? » Fothergill utilise cette citation lorsqu’il évoque la confiance de son héroïne dans la religion chrétienne conventionnelle. J’aimerais savoir à quel moment de l’histoire cette citation prend place et quelle signification lui accorder.

Réponse de Sylvie Veys

La citation qui vous intéresse se trouve dans le chapitre XII du Marquis de Villemer. Voici un bref résumé de l’action :
Mademoiselle Caroline de Saint-Geneix est une pauvre jeune fille noble de bonne famille (son père était chevalier). Caroline est dans l’obligation de travaille parce qu’elle veut venir en aide à sa sœur, pauvre veuve avec des enfants. Elle se place donc dans la famille de Villemer et devient la demoiselle de compagnie de la vieille marquise.
La marquise de Villemer a deux fils : le marquis de Villemer et le duc d’Aléria. Le duc d’Aléria a une mauvaise réputation : il s’est ruiné et a ruiné sa mère, et a sérieusement entamé le capital de son frère. En raison de ces problèmes d’argent, la marquise voudrait que l’un de ses fils épouse la riche Diane de Xantrailles. Elle pense que Diane va aimer le Marquis, mais finalement elle préfère le Duc. Cela arrange bien le marquis qui est secrètement amoureux de Caroline, qui l’aime également en secret. Le soir du mariage du duc et Diane, La Marquis raconte à sa mère qu’il aime Caroline et lui demande la permission de l’épouser. La Marquise accepte, mais le lendemain, une de ses amies, madame d’Arglade, lui confie qu’elle pense que caroline entretient une liaison secrète avec le duc d’Aléria. La Marquise croit alors que Caroline n’est qu’une aventurière intéressée par l’argent. Caroline comprend que la marquise n’acceptera jamais ce mariage et décide de se sauver sans dire au Marquis qu’elle l’aime également. Le marquis la cherche partout. C’est à ce moment qu’intervient la citation qui vous intéresse : « Où allait donc ainsi mademoiselle de Saint-Geneix, en pleine nuit et en pleine montagne, dans un pays perdu ? » Caroline part dans les Cévennes, dans les montagnes, se réfugier chez sa nourrice. Près de chez elle, un couple vit dans un vieux château et y élèvent un jeune garçon, Damien, qui est en réalité le fils adoptif du Marquis de Villemer. Caroline ignore cela et prend soin du jeune garçon. En venant voir Damien, le marquis apprend que Caroline vit dans les environs. Il la suit à travers les montagnes et s’évanouit dans la neige. Caroline le sauve et lui avoue son amour. De son côté, le duc raconte à sa mère qu’il n’a jamais été amoureux de Caroline et qu’elle est la femme idéale pour son frère. La marquise accepte alors ce mariage et Caroline épouse le Marquis de Villemer.
Lorsque cette citation apparaît, Caroline pense qu’une forme de Providence peut l’aider dans sa destinée. Mais il est très rare qu’il y ait trace d’une religion conventionnelle dans les romans de George Sand. Si elle a conservé toute sa vie une foi théiste très forte, elle a également connu des moments extrêmement anticléricaux, surtout aux environs de 1855, après la mort de sa petite-fille Jeanne. La transcendance dans laquelle elle croit n’est pas précisément le Dieu chrétien, mais un esprit de l’univers, une forme de Providence. Dans le roman, Caroline invoque Dieu lorsque tout semble perdu et remet entre ses mains son destin et celui de ses proches. Elle a donc une grande confiance dans cette esprit tout-puissant, mais absolument pas conventionnel.

Je sollicite votre aide pour trouver un texte de G. Sand. Je ne sais si vous connaissez l’enregistrement de l’interview de L.F. Céline sur le « style ». Il y évoque un texte de la « Correspondance » de Sand (qu’il a lue…) où celle-ci décrit son « horreur » devant le spectacle de « ses » anciens qui se font des courbettes, se conduisent de façon grotesque, font des « chichis » selon Céline. En passant, il évoque comment Proust s’en est « bien inspiré » pour « Le temps retrouvé ».
Il serait bien étonnant que ce ne soit pas quelque part dans la « Correspondance » de Lubin. En avez-vous le souvenir ? Ce texte m’intéresse parce que Céline et Proust…

Réponse de Sylvie Veys

Le texte, mentionné par Céline, dans lequel Sand décrit les grimaces des anciens n’est pas une lettre de la Correspondance publiée par Georges Lubin, mais un extrait de son autobiographie, Histoire de ma vie. Le chapitre qui me semble le mieux correspondre à la description qu’en donne Céline est le chapitre II, de la troisième partie d’Histoire de ma vie (dans le premier tome des Œuvres autobiographiques, dans la bibliothèque de la Pléiade, de la page 661 à la page 680.). George Sand y passe en revue toutes les fréquentations de sa grand-mère, dont beaucoup étaient qualifiées de « vieilles comtesses » par sa mère.
Céline pensait effectivement que ce texte avait influencé Proust, mais il est toujours difficile d’affirmer l’intertextualité de deux œuvres avec certitude.
L’interview de Céline a été retranscrite dans « Cahiers Céline II, Gallimard, 1976 » :
« Dans les Mémoires de George Sand, – on ne lit pas beaucoup George Sand, mais on lit encore un peu ses Mémoires, et moi en particulier je les ai lus – il y a un chapitre remarquable où, étant jeune fille, […] elle avait accès dans les grands salons […]. Elle en était épouvantée, de voir ces vieux d’une époque disparue faire tant de grimaces. Eh bien, personnellement, je trouve ce chapitre essentiel. – Je crois que Proust s’en est bien servi, dans ce fameux chapitre où on voit les gens vieillir sur place : c’est un chapitre fameux, mais là je crois que George Sand l’a précédé ; c’est vraiment un très gros effort littéraire. »
L’influence de ce passage des mémoires de George Sand sur Proust est évoquée dans deux articles dont voici les références :
– MARANTZ, Enid. Le rôle de George Sand dans la genèse de la Recherche : modèle, carrefour et agent catalyseur, dans Bulletin d’informations proustiennes, 1983, n°14.
– GLASER, Nina. Proust du côté de chez Sand : Première nuit d’insomnie et de désespoir, dans Littérature, février 1993, n°89, pp.44-57.
Par ailleurs, si les rapports entre Sand et Céline vous intéressent, vous pouvez consulter également cet article :
– HANREZ, Marc. Céline, Sand, Shakespeare, dans Roman 20/50, mai 1994, n°17, pp.191-196.

Je suis une étudiante allemande et je prépare actuellement un travail de fin d’étude sur George Sand. Le sujet exact en est « Le Berry de George Sand ». Mes recherches se concentrent sur quatre aspects :
– le rôle de Berry/Nohant dans la vie de George Sand,
– le Berry comme région française,
– les lieux en Berry que George Sand présente/décrit dans ses romans champêtres (« La Mare au Diable », « Les Maitres Sonneurs », « Le meunier d’Angibault »),
– le rôle qu’elle joue encore aujourd’hui en Berry.
J’aimerais savoir si vous pouvez m’envoyer des références d’ouvrages sur ces sujets.

Réponse de Sylvie Veys

Voici quelques œuvres dont la lecture pourra vous aider dans vos recherches :
– SAND, George. La Vallée Noire. Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1998.
– SAND, George. Promenades dans le Berry. Mœurs, coutumes, légendes. Préface de Georges Lubin. [Bruxelles] : Complexe, 1992. coll. Le regard littéraire, n°55. Ce recueil réunit les légendes rustiques, les articles écrits par Sand sur la région, …
– LUBIN, Georges. George Sand en Berry. Paris : coédition Complexe-CNMHS, 1992.
– BREM, Anne-Marie de. La Maison de George Sand à Nohant. s.l. : Editions du Patrimoine, 1999.
– CAORS Marielle, George Sand et le Berry, Royer, 1999.
– CAORS Marielle, George Sand. De voyages en romans, Royer, 1993, coll. Saga.
– VINCENT, Louise. George Sand et le Berry. Paris : Champion, 1919. Les livres de Louise Vincent doivent être utilisés avec prudence car tous ne témoignent pas d’une grande rigueur scientifique.
– BAROLI, Marc. La vie quotidienne en Berry au temps de George Sand. Paris : Hachette, 1982.
– DELAIGUE-MOINS, Sylvie. L’éventail de George Sand. Nohant, des heures et des entretiens. s.l. : Lucien Souny, 1992. L’auteur passe en revue tous les hôtes illustres de Nohant.
– DES GACHONS, Jacques. Le Berry. Grenoble : Arthaud, 1936. Cet ouvrage ne concerne pas directement George Sand, mais le Berry en général.
– POISSON, Cam-Thi Doan. Poétique de la Mobilité. Les lieux dans « Histoire de ma Vie » de George Sand. Paris ; Amsterdam : Rodopi, 2000. coll. Faux-Titre, n°176. Cet ouvrage est bien plus large que son titre ne le laisse supposer et est un point de départ très utile pour toute recherche sur l’espace chez Sand.
– GRIMM, Reinhold. Les romans champêtres de George Sand : l’échec du renouvellement d’un genre littéraire, dans Romantisme, 1977, n°16, pp.64-70.
– DIDIER, Béatrice. Société rurale, société urbaine, dans Cahiers de l’Association internationale des Etudes françaises, mai 1994, n°46, pp.69-92.
– CALLET, C. A propos de François le Champi et du roman champêtre, dans George Sand et son temps. Hommage à Annarosa Poli. Textes recueillis par Elio Mosele. Genève : Slatkine, s.d. coll. Dimension du voyage, tome II, pp.435-446.

Je m’intéresse beaucoup à Louis-Claude de Saint-Martin, le fondateur du mouvement Martiniste, et à quelques uns de ses disciples comme Hyacinthe Thabaud de Latouche, connu sous le nom de Henri Delatouche. J’aimerais savoir si George Sand fait référence à ces personnages dans ses romans ou si elle les a rencontrés. Je m’intéresse également à Marie-Anne Adelaïde Lenormand, connue sous le nom de Madame Lenormand, la célèbre voyante.

Réponse de Sylvie Veys

George Sand est née en 1804 et est décédée en 1876. Elle n’a donc pas pu connaître Louis-Claude de Saint-Martin, étant donné que celui-ci est décédé en 1803. Parmi les rencontres importantes que fit Saint-Martin, il est bon de mentionner celle avec Châteaubriand que celui-ci relate dans ses Mémoires d’Outre-Tombe. George Sand aurait pu connaître personnellement Marie-Anne Lenormand, mais il ne semble pas qu’elles ne se soient jamais rencontrées. Elle n’évoque jamais cette voyante dans ses mémoires (Histoire de ma vie) et ne la mentionne qu’une seule fois dans toute sa correspondance, lorsqu’un de ses amis était allé la consulter (Lettre à Charles d’Aragon, dans SAND, George. Correspondance. Textes réunis, classés et annotés par Georges Lubin. Paris : Garnier, 1967. Tome III. pp.25-26.)
En ce qui concerne Hyacinthe Thabaud Delatouche, il y a une confusion possible entre le père et le fils. Le père s’appelait bien Hyacinthe Thabaud Delatouche et était directeur de la loterie d’Orléans. Il a connu le père de George Sand et le père d’un autre de ses amis, Charles Duvernet. Je ne pourrais dire si George Sand connut personnellement Delatouche père. Son fils, Hyacinthe-Joseph-Alexandre, dit Henri Delatouche (1785-1851) était un écrivain berrichon qui fut très proche de Sand. Il fut son mentor lorsqu’elle arriva à Paris et se lança dans la carrière littéraire. Etant donné qu’il y a une confusion dans votre demande entre Thabaud Delatouche père et Henri Delatouche fils, je vous signale les références les concernant tous les deux :
– SAND, George, Histoire de ma vie, dans Œuvres autobiographiques. Paris : Gallimard, 1970. coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome 1, pp.171-172. Sand mentionne à ces pages une pièce de théâtre que son père jouait avec Delatouche père.
– SAND, George, Histoire de ma vie, dans Œuvres autobiographiques. Paris : Gallimard, 1971. coll. Bibliothèque de la Pléiade, tome 2, p.138. Sand y relate l’importance d’Henri Delatouche dans le choix de son pseudonyme. Idem, pp.147-148 : pages sur le rôles de mentor qui était celui de Delatouche auprès des jeunes Berrichons de Paris.
– SAND, George. H. de Latouche, dans Autour de la Table. Paris : Calmann-Lévy, 1862. pp.229-259. C’est un long article écrit par Sand après le décès de Delatouche. Elle y retrace leurs relations. Pour ce qui est de l’influence de Louis-Claude de Saint-Martin et de sa philosophie sur George Sand, il convient de rester prudent. George Sand avait dans sa bibliothèque L’homme de désirs de Saint-Martin. Cependant, elle ne semble pas connaître très bien ce personnage, puisque lorsqu’elle écrit Consuelo, un roman initiatique qui se déroule au XVIIIe siècle, elle demande à un ami de lui envoyer des renseignements à son sujet (Lettre à Ferdinand François, dans SAND, George. Correspondance. Textes réunis, classés et annotés par Georges Lubin. Paris : Garnier, 1969. Tome VI. pp.173-176). Louis-Claude de Saint-Martin n’apparaîtra finalement pas dans Consuelo, puisque l’action se déroule vers 1750 : il aurait été âgé à peine d’une dizaine d’année. Quelques années plus tard, l’un de ses amis, Louis Blanc, lui envoie son livre Histoire de la Révolution française, dans lequel il parle de Saint-Martin. George Sand répond à Louis Blanc et mentionne aussi le Philosophe Inconnu (Lettre à Louis Blanc, dans SAND, George. Correspondance. Textes réunis, classés et annotés par Georges Lubin. Paris : Garnier, 1971. Tome VIII. pp.107-109.).
Si Louis-Claude de Saint-Martin n’apparaît pas dans Consuelo, apparaissent en revanche Cagliostro et le comte de Saint-Germain, ainsi que Jacob Boehme qui est mentionné. Ce roman de Consuelo permet à Sand de faire le point sur ses croyances sur l’occultisme et le paranormal. « Sa position devant l’occulte est des plus nettes : il faut étudier les phénomènes surnaturels et remplacer par l’examen la moquerie. » (CELLIER, Léon. L’occultisme dans Consuelo, dans Romantisme, 1977, n°16, p.8.). Pour Sand, Cagliostro représente le charlatan dans toute son ampleur, comme le montre cet extrait du roman : « Si vous abandonnez les faits, prenez garde, les charlatans s’y logeront, et les imbéciles aussi… où Laplace se récuse, Cagliostro paraît. » : (Ibidem). Le comte de Saint-Germain a un traitement plus ambigu : « Cependant, un vent de folie souffle sur le roman : ce Saint-Germain précisément est-il un charlatan ou un fou ? G. Sand prend la parole pour déclarer : « Disons, en passant, que l’aventurier avait un grain d’enthousiasme et de folie ; que s’il était charlatan et même jésuitique a beaucoup d’égards, il y avait eu au fond de tout cela une conviction fanatique qui présentait de singuliers contrastes et lui faisait commettre beaucoup d’inconséquences. » Si Cagliostro, le parfait charlatan, fait horreur à Albert comme à G. Sand, pour la romancière Albert a « la folie du comte de Saint-Germain ». Celui-là justifie donc celui-ci.  » : (Ibidem). Ce roman est également une réflexion sur la nature de l’extase, de la folie mystique ou artistique.
Saint-Martin a-t-il influencé directement George Sand ? Il est difficile de trancher avec certitude. Certes, il y a des aspects de sa pensée qui se retrouvent chez Sand, mais il est difficile de dire s’il s’agit d’une influence directe ou d’un climat général dont toute cette génération romantique était imprégnée. Je pencherai d’ailleurs davantage pour cette deuxième solution, à la différence de Balzac qui a pu être influencé plus directement. Globalement, George Sand s’intéressait beaucoup aux sociétés secrètes (compagnons du Tour de France, Carbonari, …) et à la Franc-Maçonnerie (son compagnon Alexandre Manceau sera reçu franc-maçon en 1854 mais on n’a pas pu identifier à quelle loge il était intégré (voir CHEVEREAU, Anne. Alexandre Manceau. Le dernier amour de George Sand. Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 2002. p.68 et 196.).
Voici quelques points de rapprochements entre Sand et Saint-Martin :
• Leur vision de la Révolution est assez proche. C’est probablement dans ce domaine que Saint-Martin a le plus influencé les Romantiques. Il voit la Révolution comme un châtiment provisoire envoyé par la Providence, provoqué par la déchéance des rois et des prêtres. Cette vision religieuse de la Révolution se retrouve chez Sand et chez Michelet, tout comme chez Louis Blanc. « En cherchant à représenter les événements de 1789, les romantiques ont produit un nombre impressionnant de textes littéraires qui renvoient à des concepts religieux pour interpréter le mouvement révolutionnaire. Au début du siècle, le philosophe mystique Louis-Claude de Saint-Martin avait déclaré que la Révolution française avait été une guerre de religion… Michelet à son tour vit la Révolution de 1789 comme une tentative pour créer une nouvelle religion… Chez Sand, comme chez d’autres penseurs de l’époque, le phénomène révolutionnaire continua à s’écrire, jusqu’aux événements de 1848, avec toutes les marques du lyrisme et du sacré. La figure du Christ était présentée comme l’incarnation de l’esprit révolutionnaire.  » (HOOG NAGINSKI, Isabelle. George Sand. L’écriture ou la vie. Paris : Champion, 1999. p.179.)
• L’importance de la nature est évidemment aussi capitale chez Sand, bien que je pense qu’elle subisse davantage l’influence de Rousseau à cet égard, et donc pensait peut-être l’homme à partir de la nature, et non la nature à partir de l’homme.
• Dans sa cosmogonie, Saint-Martin insiste sur l’homme primordial androgyne. Cet aspect est capital chez Sand et le mythe de l’androgyne parcourt toute son œuvre. Encore une fois, il s’agit d’un thème cher aux Romantique et non particulier à Sand, puisqu’on le retrouve également chez Henri Delatouche (Fragoletta), Gautier (Mademoiselle de Maupin), Balzac, …
• Le thème de l’homme – ange déchu, romantique s’il en est, est aussi très présent chez Sand, et dans une optique assez proche de celle de Saint-Martin. Selon lui, l’homme déchu se souvient des cieux et souhaite retrouver sa grandeur passée. Chez Sand, il en est de même pour Satan qui se confond par moment avec une figure christique, prométhéenne, qui a défié Dieu par amour de l’humanité. Cet extrait est tiré d’une vision de Consuelo, suscitée par la musique d’Albert, au cours de laquelle elle entend Satan : « Non, le Christ mon frère ne vous a pas aimé plus que je ne vous aime. Il est temps que vous me connaissiez, et qu’au lieu de m’appeler l’ennemi du genre humain, vous retrouviez en moi l’ami qui vous a soutenu dans la lutte. Je ne suis pas le démon, je suis l’archange de la révolte légitime et le patron des grandes luttes. Comme le Christ, je suis le Dieu du pauvre, du faible et de l’opprimé. Quand il vous promettait le règne de Dieu sur la terre, quand il vous annonçait son retour parmi vous, il voulait dire qu’après avoir subi la persécution, vous seriez récompensés, en conquérant avec lui et avec moi la liberté et le bonheur. C’est ensemble que nous devions revenir, et c’est ensemble que nous revenons, tellement unis l’un à l’autre que nous ne faisons plus qu’un. C’est lui, le divin principe, le Dieu de l’esprit, qui est descendu dans les ténèbres où l’ignorance m’avait jeté, et où je subissais, dans les flammes du désir et de l’indignation, les mêmes tourments que lui ont fait endurer sur sa croix les scribes et les pharisiens de tous les temps. Me voici pour jamais avec vos enfants, car il a rompu mes chaînes, il a éteint mon bûcher, il m’a réconcilié avec Dieu et avec vous. Et désormais la ruse et la peur ne seront plus la loi et le partage du faible, mais la fierté et la volonté. C’est lui, Jésus, qui est le miséricordieux, le doux, le tendre, et le juste : moi je suis le juste aussi, mais je suis le fort, le belliqueux, le sévère, et le persévérant. O! ne reconnais-tu pas celui qui t’a parlé dans le secret de ton cœur, depuis que tu existes, et qui, dans toutes tes détresses, t’a soulagé en te disant : cherche le bonheur, n’y renonce pas ! Le bonheur t’est dû, exige-le, et tu l’auras ! Ne vois-tu pas sur mon front toutes tes souffrances, et sur mes membres meurtris la cicatrice des fers que tu as portés ? Bois le calice que je t’apporte, tu y trouveras mes larmes mêlées à celles du Christ et aux tiennes ; tu les sentiras aussi brûlantes, et tu les boiras aussi salutaires !  » (SAND, George. Consuelo. Grenoble : l’Aurore, 1991. p.419.). L’intégration du Mal dans le Bien rejoint le non-manichéisme de Saint-Martin, pour qui il n’y avait pas un Grand Architecte du Bien et un Grand Architecte du Mal. L’ange déchu, comme le pervers, est donc amené à résipiscence et sera réintégré dans l’unité. Pour Saint-Martin, si tout est amour, parole, unité, nul ne peut subir un éternel exil loin de l’unité, de la parole et de l’amour.
• La prédominance de la recherche en soi de la divinité au détriment des dogmes et des cultes est tout à fait capitale pour Sand. Pour elle aussi, « l’âme s’élance par la pensée et l’amour au sein de son créateur source de ses sentiments les plus purs et de ses plus idéales pensées. » George Sand a eu des moments très anticléricaux dans sa vie (surtout aux alentours de 1855), mais jamais elle n’a perdu la croyance en un dieu Théiste. Or, le caractère fondamental de l’Illuminisme est le Théisme.
Consuelo est une forme de recherche sur l’extase. Cette notion est aussi capitale chez Saint-Martin, puisqu’elle constitue la communication pure de l’âme avec le Grand Architecte, qu’elle représente l’abdication de la volonté propre, de la réflexion de toute faculté personnelle. « L’extase ne commence qu’au point où ce n’est plus nous qui prions mais Dieu qui prie lui-même en nous. » Cela est fondamental dans Consuelo (voir à ce sujet CELLIER, Léon. L’occultisme dans Consuelo, dans Romantisme, 1977, n°16, pp.7-19.). Pour Sand, la musique est le meilleur moyen d’arriver à cette extase mystique. Il y a de nombreuses scènes dans ses mémoires ou dans son Journal Intime où son écoute la plonge dans des rêveries mystiques. Les liens entre l’extase et l’inspiration sont nombreux : les deux concepts s’entremêlent. L’inspiration mystique a une grande place dans l’Illuminisme.
Globalement, l’Illuminisme eut une grande influence sur les Romantiques. Leurs préoccupations recoupent celles des Illuministes : « Le ressort dynamique de la pensée et de l’esthétique romantiques apparaît… comme un effort inachevable pour reconstituer l’unité d’un monde éclaté : unité du langage et du monde organique, à travers le mythe et le symbole, tentatives pour surmonter la scission entre l’objet et le sujet, entre le moi et le monde, le conscient et l’inconscient. On voit en quel sens une telle redéfinition conduit à repenser la place du christianisme dans la pensée romantique. » (FIZAINE, Jean-Claude, Les aspects mystiques du Romantisme français, dans Romantisme, 1976, n°11, p.4.) Ce mythe du retour à l’unité est capital chez Sand. Nicole Mozet a montré que l’œuvre de Sand était « construite sur une obsession de la réparation, ou plutôt de la réconciliation et de la médiation », de réunion des opposés. (MOZET, Nicole. George Sand écrivain de romans. Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1997. p.24.)
• L’importance de la Sophia, du corps céleste du Verbe qui constitue l’être, ne pouvait que trouver un écho favorable chez George Sand, chez tous les Romantiques d’ailleurs. L’Illuminisme serait, selon certains critique, la source du mythe du Poète-Mage, du Poète Inspiré, guidant le peuple. « P. Bénichou montre que l’illuminisme, en apportant sa contribution au thème de la Parole originelle, a été l’une des conditions nécessaires pour la définition du sacerdoce spirituel du poète, par lequel la littérature acquiert des prérogatives qui étaient celles de la religion, le style métaphorique sur lequel repose la nouvelle conception de la poésie étant considéré comme résurgence ou survivance de l’allégorisme primitif. Cette approche de l’illuminisme en termes de fonction dans l’ensemble d’un champ idéologique devrait permettre de mieux définir son statut et d’expliquer l’étendue de sa diffusion. Ni religion, ni philosophie, … il est présent à tout acte de langage des poètes romantiques, étant ce qui fonde la possibilité même de leur pratique de la poésie, ce qui justifie leur prétention à être autre chose que « des professionnels de la fiction et de la parole heureuse », à devenir juges, prêtres et prophètes. » (FIZAINE, Jean-Claude. Les aspects mystiques du Romantisme français, dans Romantisme, 1976, n°11, p.7.
• Finalement, et c’est peut-être le plus marquant, Consuelo met en scène une société secrète qui tient certains traits des Illuministes. Ce roman qui se passe au XVIIIe siècle est vraiment celui qui montre le plus clairement et le plus indiscutablement l’influence de l’Illuminisme chez Sand. Même s’il convient davantage de parler d’une influence globale sur l’époque ou d’une influence indirecte. Depuis la fin des années 1830, le philosophe Pierre Leroux exerçait une grande influence sur George Sand. Il serait intéressant de voir quelle est l’importance de l’Illuminisme dans sa philosophie. (Concernant l’importance du XVIIIe siècle dans Consuelo, voir DIDIER, Béatrice. George Sand. Un long fleuve d’Amérique. Paris : PUF, 1998. coll. Ecrivains.
Quelques références :
– SAND, George. Consuelo. Grenoble : l’Aurore, 1991. 3 tomes.
– BOYER, André-Jean.George Sand et Swedenborg, dans Les Cahiers de l’Homme-Esprit, 3/73.
– VIATTE, A. Les sources occultes du Romantisme, Illuminisme, Théosophie. 1770-1820, Paris : Vrin, 1927 ; réédition Champion, 1965.

Je suis un passionné de George Sand et je me prépare actuellement à commencer une thèse de doctorat sur ses œuvres de jeunesse. Je voudrais travailler sur l’influence de la Révolution française sur ces œuvres. Je voudrais avoir votre avis sur le sujet, s’il vous plaît, et éventuellement des références sur la bibliographie que je dois suivre.

Réponse de Sylvie Veys

Le sujet qui vous intéresse, c’est-à-dire l’influence de la Révolution française dans les œuvres de jeunesse de George Sand, a malheureusement été traité par Yves Chastagneret.
Yves Chastagneret a défendu sa thèse de doctorat d’état le 14 décembre dernier à la Sorbonne. Le titre exact de sa thèse est : Images de la Révolution française dans les œuvres de jeunesse de George Sand de 1829 à 1834. Comme vous le voyez, le sujet correspond exactement au vôtre. Il serait donc peut-être plus judicieux de modifier votre sujet de thèse, étant donné la somme remarquable faite par Yves Chastagneret, je ne sais pas s’il reste de quoi faire une autre thèse.

J’ai découvert George Sand à travers « Indiana », « Valentine », et « Lélia », en cherchant un sujet pour mon mémoire de Maîtrise. Et j’ai décidé de passer mon année en leur compagnie… en choisissant comme thème la liberté dans ces trois romans de jeunesse. George Sand m’est apparue comme une artiste qui a réussi à trouver la sérénité en tant que femme, en tant qu’être humain… Et c’est d’abord pour cela que je voudrais travailler sur ses romans.
Le côté biographique sera secondaire (sinon le sujet est trop vaste…), et je me concentrerai plus sur la liberté de la forme, le roman au début du 19e siècle et du contenu idéologique », ou plutôt le regard sur le monde que fait passer George Sand à travers ces récits (le « féminisme », la religion, la politique….), je voudrais confronter ces trois romans avec l’histoire, la critique, les moeurs de ces années 1830… Pourriez-vous me conseiller quelques ouvrages qui m’aideraient peut-être à mieux cerner mon sujet ?

Réponse de Sylvie Veys

Les trois romans que vous avez choisis de travailler, les trois premiers signés du nom de George Sand, sont également parmi les trois les plus travaillés, les plus exploités par les critiques. Il y a donc une très vaste bibliographie sur ces ouvrages, mais, par la même occasion, peu de sujets encore en friche.
Pour avoir une bonne idée du roman du début de siècle, je vous conseillerai, outre des ouvrages plus généraux, le dépouillement de la revue Romantisme. Beaucoup d’articles y sont très généraux ou, bien qu’appliqués à un autre auteur, peuvent ouvrir une perspective intéressante à une étude de Sand. Par exemple, des articles comme :
– DAUMARD, Adeline. Affaire, amour, affection : le mariage dans la société bourgeoise au XIXe siècle « , dans Romantisme, 1992, n°68, pp.33-47.
– REBOUL, Fabienne. Histoire ou feuilleton ? La Révolution française vue par Lamartine, dans Romantisme, 1986, n°52, pp.19-33.
La premier chapitre de l’ouvrage de MOZET, Nicole. George Sand écrivain de romans. Saint-Cyr-sur-Loire : Christian Pirot, 1997, aborde l’interaction de l’œuvre sandienne et du siècle qui la porte. Le titre de ce premier chapitre est Une œuvre dans le siècle. Le roman sandien, d’ »Indiana » à « Marianne », dans l’histoire de la littérature de son temps.
En ce qui concerne directement George Sand, le thème de la liberté ne peut effectivement pas être évoqué sans revenir sur sa conception du féminisme, du mariage, sur la liberté dont elle aimerait que la femme jouisse au sein même du mariage.
George Sand ne souhaitait pas une égalité politique de la femme, préférant d’abord conquérir l’égalité au sein de la famille. Par ailleurs, les femmes étant consciemment laissées dans l’ignorance et la non-éducation, la première étape vers cette égalité souhaitée est l’éducation. Comme celle-ci ne peut être institutionnelle pour les jeunes filles, c’est à elles de la faire. C’est pourquoi les jeunes femmes autodidactes seront tellement valorisées dans les œuvres de George Sand (la plus belle incarnation de cela sera Edmée de Mauprat dans le roman Mauprat, écrit en 1837.)
Concernant l’éducation des filles comme fondement de l’égalité et de la liberté, je vous conseille vivement l’ouvrage suivant :
L’éducation des filles au temps de George Sand. Textes réunis par Michèle Hecquet. Arras : Artois Presses université, 1998. coll.  » Etudes littéraires et linguistiques « .
Cet ouvrage réunit de nombreuses études, certaines directement sur George Sand, d’autres plus générales sur son siècle.
Je vous recommande également la consultation de l’ouvrage de Pierre Vermeylen, Les idées politiques et sociales de George Sand. Bruxelles : édition de l’Université de Bruxelles, 1984, qui revient également sur le concept de féminisme et sur la politique.
En ce qui concerne justement la politique, je vous recommande la lecture du livre de Bernard Hamon, George Sand et la politique. « Cette vilaine chose… ». Paris : L’Harmattan, 2001. coll. Critiques littéraires.
Pour ce qui est des études plus littéraires sur l’œuvre sandienne, il existe de nombreux ouvrages et de nombreux articles sur ces trois premiers romans. Je vous en cite quelques uns :
– DIDER, Béatrice. George Sand écrivain. « Un grand fleuve d’Amérique ». Paris : PUF, 1998. Coll. Ecrivains.
– HOOG NAGINSKI, Isabelle. George Sand. L’écriture ou la vie. Paris : Honoré Champion, 1999. Coll. Romantisme et modernités, n°27.
– WINGARD Vareille, Kristina. Socialité, sexualité et les impasses de l’histoire : l’évolution de la thématique sandienne d’ »Indiana » (1832) à « Mauprat » (1837). Stockholm : Uppsala, 1987. Coll. Acta Universitatis Upsaliensis, n°41.
– MICHEL, Arlette. Structures romanesques et problèmes du mariage d’Indiana à la Comtesse de Rudolstadt, dans Romantisme, 1977, n°16, pp.34-45.
– MACCALLUM-SCHWARTZ, Lucy. Sensibilité et sensualité : rapports sexuels dans les premiers romans de George Sand (1831-1843), dans George Sand. Colloque de Cerisy. Paris : CDU-Sedes, 1983. pp.171-177.
– HIRSCH, Michèle. Questions à Indiana, dans Revue des Sciences Humaines, 1977-1, n°165, pp.117-129.
– LAFORGUE, Pierre. Indiana, ou le féminin et le romanesque entre politique et social, dans Romantisme, 1998, n°99, pp.27-37.
– GUIDETTE-GEORIS, Allison. George Sand et le troisième sexe, dans Nineteenth-Century French Studies, fall-winter 1996-1997, vol. 25, n°1&2, pp.41-49.
– HATEM, Jad. Scission du cœur et désordre du corps dans Lélia de Sand, dans Romantisme, 1996, n°91, pp.19-34.
– DIDIER, Béatrice. Le corps féminin dans Lélia, dans Revue d’histoire littéraire de la France, juillet – août 1976, n°4, pp.634-651.
– HOOG, Marie-Jacques. Lélia au rocher, dans Revue des Sciences Humaines, 1992, n°226, pp.55-64.
– LAROCHELLE, Thérèse. Lélia : George Sand’s Iconoclastic Vita Sancta, dans George Sand Studies, spring 1992, vol. XI, n°s 1 & 2, pp.14-21.
– NAGINSKI, Isabelle. Lélia and Sand’s Feminine Sublime, dans George Sand Studies, spring 1992, vol. XI, n°s 1 & 2, pp.3-13.
– NAGINSKI, Isabelle. Les deux Lélia : une réécriture exemplaire, dans Revue des Sciences Humaines, 1992, n°226, pp.65-84.
– VAN ROSSUM – GUYON, Françoise. Puissances du roman : George Sand, dans Romantisme, 1994, n°85, pp.79-91.
– BESNARD, Micheline. Quelques repères structurels, les lieux dans Valentine, dans Présence de George Sand, mars 1985, n°22, pp.38-46.
– LE HIR, Marie-Pierre. Indiana on stage : Questions of Genre and Gender, dans George Sand Studies, spring 1992, vol. XI, n°1&2, 31-42
– GREENE, Mildred-Sarah. « A chimera of her own creating » : George Sand’s Indiana (1831) and the « Malleable Lover », dans George Sand Studies, 1988-1989, vol.IX, n°1&2, pp.41-44.
– MASSARDIER-KENNEY, Françoise. Textual Feminism in the Early Fiction of George Sand, dans George Sand Studies, spring 1994, vol. XIII, n°1&2, pp.11-17.
Cette petite liste n’a rien d’exhaustif, mais vous permettra de vous faire une idée des sujets déjà traités et de ceux qui peuvent vous intéresser. Si, une fois que vous aurez défini plus précisément votre sujet, vous souhaitez de plus amples informations ou d’autres références, n’hésitez pas à nous contacter.

Je suis lycéenne en 1ère économique et sociale et je dois remettre un dossier sur le thème suivant :  » La femme aux 19e et 20e siècles en Europe et en Amérique du nord de 1850 à 1939″. Je dois réaliser des portraits de Coco Chanel et Georges Sand. Il me reste quelques questions sans réponse concernant George Sand. Pourriez-vous m’apporter de brefs éléments de réponses aux questions suivantes :
– Quels étaient ses rapports avec le pouvoir?
– Quels ont été ses engagements pour les libertés de la femme?
– Quel a été son apport aux mouvements féministe?

Réponse de Sylvie Veys

Les rapports de Sand avec le pouvoir sont à analyser à partir de son propre engagement politique. Socialiste et républicaine, elle souhaitait donc voir s’instaurer une république socialiste qui aurait accordé toute son attention aux peuples et aux opprimés en général. Elle a donc eu un regard critique sur les détenteurs du pouvoir de son temps. La Révolution de 1830 a été un espoir pour elle, vite déçu par l’instauration de la Monarchie de Juillet de Louis-Philippe. C’est lors de la Révolution de 1848 qu’elle a été la plus proche du pouvoir. Ses amis socialistes étaient officiellement au gouvernement, et elle était dans l’ombre. Elle rédigea de nombreuses lettres ouvertes A la classe moyenne, Aux riches, Au peuple. Elle participa aussi à la rédaction des Bulletins de la République. Il s’agit là du point culminant de sa participation à la Révolution de 48, quoiqu’en conservant son anonymat. Le Bulletin n°16 (15 avril 1848) fit scandale puisque Sand laissait entendre que si les élections n’apportaient pas de « bons résultats », il fallait ne pas tenir compte de ces résultats. Je vous en cite un extrait :  » […] les élections, si elles ne font pas triompher la vérité sociale, si elles sont l’expression des intérêts d’une caste, arrachée à la confiante loyauté du peuple, les élections, qui devaient être le salut de la République, seront sa perte, il n’en faut pas douter. Il n’y aurait alors qu’une voie de salut pour le peuple qui a fait les barricades, ce serait de manifester une seconde fois sa volonté, et d’ajourner les décisions d’une fausse représentation sociale.  » : dans SAND, George. Politique et polémiques (1843-1850). Présenté par Michelle Perrot. Paris : Imprimerie nationale édition, 1997. Coll. Les Acteurs de l’Histoire, p.368.
Horriblement déçue par l’échec de la Révolution et par la dureté de la répression, elle se retira à Nohant. Durant les années suivantes, en particulier au début du Second Empire, elle s’employa à faire libérer ses amis en prison ou à leur éviter la déportation ou le bannissement. Elle rentra donc fréquemment en contact avec Napoléon III et Eugénie de Montijo. Elle eut de bons résultats et réussit à épargner beaucoup de ses amis. Cependant, certains révolutionnaires ne comprirent pas ce geste et la soupçonnèrent de transiger avec le pouvoir. Ce qui est faux. Elle rentra en contact avec Napoléon III pour sauver ses proches, par parce qu’elle partageait ses idées politiques. Beaucoup des personnes qu’elle avait aidées lui donnèrent le surnom de « Notre-Dame-du-Bon-Secours ». En 1861, Sand fut proposée pour recevoir le prix de 20 000 francs de l’Académie française. Les Académiciens refusèrent pour la plupart. L’empereur Napoléon III, qui souhaitait toujours faire de Sand une alliée, lui proposa cette somme. Elle refusa. Eugénie de Montijo voulut alors la faire entrer à l’Académie, mais elle refusa également. Cela représente bien sa conception du féminisme et de l’égalité. Sand trouvait qu’il était ridicule pour une femme d’occuper des postes législatifs et politiques alors qu’elle n’avait aucune égalité au sein même de la famille, restait légalement soumise à son mari, sans droit sur ses propres biens et le plus souvent sur ses enfants. C’est la raison pour laquelle elle avait refusé d’occuper la fonction de « mère » pour les Saint-Simoniens et refusera également que la féministe Eugénie Niboyet propose sa candidature aux élections en 48. Je vous cite un extrait du brouillon de la lettre qu’elle écrit en réponse à cette proposition : « Les femmes doivent-elles un jour participer à la vie politique ? Oui, un jour, je le crois avec vous, mais ce jour est-il proche ? Non, je ne le crois pas, et pour que la condition des femmes soient ainsi transformée, il faut que la société soit changée radicalement… Quelques femmes ont soulevé cette question : Pour que la société soit transformée, ne faut-il pas que la femme intervienne politiquement dès aujourd’hui dans les affaires publiques ? j’ose répondre qu’il ne le faut pas, parce que les conditions sociales sont telles que les femmes ne pourraient pas remplir honorablement et loyalement un mandat politique. […] Je crois [leur affranchissement] facile et immédiatement réalisable. Il consiste simplement à rendre à la femme les droits civiques que le mariage seul lui enlève, erreur détestable de notre législation… qui fait du mariage une condition d’éternelle minorité… Oui, l’égalité civile, l’égalité dans le mariage, l’égalité dans la famille, voilà ce que vous pouvez, vous devez demander, réclamer. Si aujourd’hui les femmes siégeait parmi les députés, elle ne représenteraient que « la moitié d’un homme », l’autre moitié étant leur mari. » : cité par BARRY, Joseph. George Sand et le scandale de la liberté. Paris : Seuil, 1982. pp.290-291.
Cette lettre est une bonne synthèse des convictions féministes de Sand. Elle ne participa jamais à aucun cénacle féministe et ne lutta pas pour l’égalité politique. Néanmoins, par sa vie, par son exemple, par l’exemple des héroïnes dans ses romans, elle luttait à sa manière pour l’égalité des femmes dans la famille, étape première et indispensable pour devenir l’égale de l’homme dans la société.
Ses rapports avec l’impératrice Eugénie se détériorèrent ouvertement en 69 lorsqu’elle la peignit dans Malgrétout, sous les traits de l’intrigante Carmen d’Ortosa. « Avec Carmen d’Ortosa, George Sand passe du portrait-charge au pamphlet d’une virulence extrême et d’une accablante dureté. Cela est d’autant plus incompréhensible que l’impératrice n’a jamais refusé un seul des secours d’argent demandés par la romancière pour ses protégés. Etrange façon de remercier une bienfaitrice. En fait, Carmen d’Ortosa n’est qu’un prétexte pour condamner sans appel un Empire sont Sand pressent la fin… » : Préface de Jean Chalon à SAND, George. Malgrétout. Grenoble : l’Aurore, 1992. p.9.
J’espère que cela pourra vous aider dans votre travail. Les avis de Sand face à la Commune et à la Troisième République nécessitent bien plus de nuances dans l’explication que la brièveté demandée me permet de vous donner. Je vous dirai simplement qu’elle condamna fermement les excès et la répression sanglante de la Commune. Certains ont cru qu’elle avait perdu ses convictions de 1848, ce qui était faux. Elle avait réfléchi aux causes de l’échec de 48 et pensait à une solution plus réformiste et moins violente que révolutionnaire pour amener la république socialiste. La Troisième République est loin de combler ses attentes politiques, mais elle conserve l’espoir de voir le pays s’acheminer lentement mais sûrement vers le progrès de l’égalité entre les hommes.

Je fais un travail sur George Sand et j’ai deux petites questions sans grand rapport entre elles :
– Pendant quelque temps elle a vécu chez des amis au château de Plessis. Où ce château se situe-t-il exactement ?
– Pourriez-vous me synthétiser les raisons exactes de la séparation de Chopin et George Sand ?

Réponse de Sylvie Veys

Le château du Plessis-Picard existe encore aujourd’hui. Il est situé sur la commune de Réau, département de Seine-et-Marne. Ce n’est pas très loin de Paris. Si vous souhaitez le localiser sur une carte, le parc est au bord de la nationale 5, entre Lieusaint et Melun (à 8 km de Melun exactement). C’est indication sont données par Georges Lubin, dans les notes d’Histoire de ma vie, Œuvres autobiographiques. Paris : Gallimard, 1971, tome II, p.1306. Coll. Bibliothèque de la Pléiade. George Sand y séjourne la première fois entre le 21 mars et le 03 avril 1822. Sa grand-mère est alors morte depuis décembre 1821. Elle est livrée à la responsabilité de sa mère qui est de plus en plus invivable. Elle considère donc le château du Plessis comme un refuge. Elle y fait de nombreux séjours cette année-là (du 24 avril au 28 mai 22, du 1er juin au 18 juin 22, …). Ce château joue un grand rôle dans sa vie puisque c’est là que Casimir est agréé comme mari d’Aurore. Ils y reviendront tous les deux une fois mariés (juin 1823, août et septembre 1823, avril à septembre 1824). En 1826 et 1827, les Roëttiers du Plessis rendront de nombreuses visites à Nohant. Par ailleurs, il semble que ce château ait inspiré George Sand pour la description du castel de la Brie décrit dans Indiana. Si vous souhaitez plus de renseignements sur les Roëttiers du Plessis, vous pouvez consulter le premier tome de la Correspondance de George Sand et Histoire de ma vie, dans Œuvres autobiographiques. Paris : Gallimard, 1971, tome II, pp.13-14. Coll. Bibliothèque de la Pléiade :
« Le château était une grande villa du temps de Louis XVI, jetée en pleine Brie, à deux lieues de Melun. Absence complète de vue et de poésie aux alentours, mais en revanche un parc très vaste et d’une belle végétation : des fleurs, des gazons immenses, toutes les aises d’une habitation que l’on ne quitte en aucune saison, et le voisinage d’une ferme considérable qui peuplait de bestiaux magnifiques les prairies environnantes. »

Concernant la rupture avec Chopin, je pense qu’il y a autant de versions que de sandiens ! Il n’est pas simple de se faire une idée des drames qui secouèrent Nohant en 1847 et de l’état exact de la relation de Chopin et Sand : Sand a détruit toute la correspondance échangée avec Chopin et celui-ci était tellement pudique que sa propre correspondance n’est pas une bonne source de renseignements.
Il y a plusieurs raisons à la rupture. Le caractère de Chopin divergeait énormément de celui de Sand. Il était extrêmement exigeant, d’un caractère fier et altier, aristocratique dans sa manière de pensée. Il était également très jaloux. Sand l’a dépeint sous des traits extrêmement accusés dans Lucrezia Floriani en 1846. Politiquement, ils étaient aux antipodes l’un de l’autre : dans les années qui précèdent 1848, Sand est à l’apogée de ses opinions socialistes – communistes. Chopin, lui, est plutôt conservateur, se méfie des révolutions (il sait ce que ça a coûté à sa Pologne natale). Bien sûr, ces éléments n’étaient pas nouveau en 1847 et, même si Sand semblait par moment éprouver vraiment de la lassitude de cette relation, elle aurait néanmoins encore pu durer quelques temps si les enfants ne s’en étaient pas mêlés. Chopin et Maurice ne s’entendaient pas. Chopin prenait Maurice pour un bon-à-rien. Maurice ne supportait pas la présence de Chopin au sein de la famille, son caractère difficile, les soins que sa mère devait lui donner, … Leurs disputes étaient fréquentes. On dit communément que le plus grand amour de la vie de Sand fut Maurice. (Voir TOESCA, Maurice. Le plus grand amour de George Sand. Paris : Albin Michel, 1980.) Le seul amant qui eut gain de cause face à ce fils adoré fut Alexandre Manceau. George, elle, choisissait le parti de Maurice.
Et puis, il y eut le mariage de Solange. Elle devait épouser un gentilhomme berrichon (Fernand de Préaulx), mais finalement le refuse et épouse rapidement le sculpteur Auguste Clésinger. Chopin le détestait : il était grossier, violent, alcoolique. Sand refusa que Chopin intervienne dans sa « vie de famille » et maria Solange au sculpteur. Quand les ennuis entre époux commencèrent, Solange écrit sa version des événements à Chopin qui prit fait et cause pour elle contre George Sand. Sand ne l’accepta pas et ce fut la rupture. Chopin n’a jamais voulu rompre. Certains ont dit qu’il avait soutenu Solange parce qu’il l’aimait secrètement et qu’ils avaient peut-être même été amants. Même s’il est sûr que Chopin s’entendait bien avec Solange et avait beaucoup de tendresse pour elle, il n’y a pas réellement d’éléments étayant cette thèse.
Bonne continuation pour votre travail.

Je travaille sur le mythe et l’influence de la Bohême dans l’œuvre de George SAND et plus spécifiquement dans « Consuelo » et « La Comtesse de Rudolstadt ». Pourriez-vous me recommander quelques travaux à ce sujet ?

Réponse de Sylvie Veys

Voici une bibliographie sur le sujet qui vous intéresse :

  • ABDELAZIZ, Nathalie, Pierre qui roule ou l’artiste bohème : le voyage à l’étranger comme prétexte géographique (dans « Pierre qui roule » et le « Beau Laurence » de George Sand) , dans Le chantier George Sand. George Sand et l’étranger. Actes du Xe congrès international George Sand, Debrecen, 7-8-9 juillet 1992, Debrecen, Kossuth Lajos Tudományegyetem, 1993, pp.201-210.
  • BANCQUART, Marie-Claire, Consuelo : Bohêmes et « Virtu », dans Journée George Sand. Hommage à Georges Lubin, Paris-Sorbonne (Paris IV), 14 décembre 1985, ed. Les Amis de George Sand et Le Centre des Correspondances de l’université Paris-Sorbonne, pp.53-61.
  • CHAMBAZ-BERTRAND, Christine, L’image du bohémien confondue avec celle de l’habitant de la Bohème, dans l’œuvre de George Sand, dans Le chantier George Sand. George Sand et l’étranger. Actes du Xe congrès international George Sand, Debrecen, 7-8-9 juillet 1992, Debrecen, Kossuth Lajos Tudományegyetem, 1993, pp.231-237.
  • GOULD, Evlyn, George Sand’s Forgotten Bohemia, dans Le siècle de George Sand. Textes réunis par David A. Powell avec l’assistance de Shira Malkin, Amsterdam – Atlanta, Rodopi, 1998, coll. Faux-Titre, FT153, pp.357-365.
  • HECQUET, Michèle, Enfants de Bohême : naissance et légitimation chez George Sand, dans Revue des Sciences Humaines, avril-juin 1992, pp.99-116.
  • LUBIN, Georges, George Sand descendante d’un roi de Bohême, dans Les Amis de George Sand, n°1, 1981 et n°16, février 1984, pp.52-53.
  • La Porporina. Entretiens sur Consuelo, éd. Léon Cellier. Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 1976
Rosa Montero, une romancière espagnole, consacre un des chapitres de son livre « Historias de Mujeres » à George Sand. Elle fait allusion à un passage des « Lettres d’un Voyageur » qui dirait en substance : « Je suis un poète, donc une femme en réalité » (« Yo soy un poeta, esto es, en realidad, una mujer. »). Avez-vous une idée de la citation exacte et de ses références ?

Réponse de Sylvie Veys

La citation que vous mentionnez est tirée de la Sixième Lettre d’un Voyageur, adressée à Everard [Michel de Bourges], texte du 23 avril 1835 (p.187 de l’édition Garnier – Flammarion et pp.805-806 du tome 2 de l’édition des Œuvres autobiographiques dans La Pléiade.)

Voici le texte exact :
« Tu as cru surprendre un grand secret en moi, l’autre jour, pendant que tu lisais ce récit de la mort de tes frères. J’ai été mal à l’aise tout le temps du dîner, parce que mon silence et ma pétrification, à coté de l’enthousiasme du Gaulois, me faisaient rougir devant toi. – Mais cette larme que tu as aperçue et dont tu tires un si grand indice de chaleur intérieure, sache bien que ce n’est pas autre chose qu’une amère et profonde jalousie que j’ai raison de bien cacher, et qui, dans cet instant-là, me fit véhémentement détester mon sort, mon inaction présente, mon impuissance, et ma vie passée à ne rien faire. Tu peux les aimer et pleurer de tendresse sur ces hommes-là, Everard, tu es l’un d’eux ; moi, je suis un poète, c’est-à-dire une femmelette. Dans une révolution, tu auras pour but la liberté du genre humain ; moi, je n’en aurai pas d’autre que de me faire tuer, afin d’en finir avec moi-même, et d’avoir, pour la première fois de ma vie, servi à quelque chose, ne fût-ce qu’à élever une barricade de la hauteur d’un cadavre. »
Nous restons à votre disposition si vous souhaitez d’autres renseignements concernant George Sand.

George Sand est-elle l’auteur d’un « Journal d’un voyageur pendant la guerre »? Ce texte a-t-il fait l’objet d’une édition séparée ou est-il englobé dans un ouvrage plus vaste ? Est-ce un reportage, un texte autobiographique, une fiction ? Est-il édité ?

Réponse de Sylvie Veys

George Sand est bien l’auteur de Journal d’un Voyageur pendant la guerre, écrit à partir du 15 septembre 1870.

Comme le titre l’indique, c’est un journal édité comme une œuvre autonome.

Il a été publié une première fois dans La Revue des Deux Mondes en mars et avril 1871 et en volume chez Michel Lévy en 1872.

Actuellement, cet ouvrage est disponible sur le site internet de la Bibliothèque nationale (http://gallica.bnf.fr), plus précisément à l’adresse suivante : http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?E=0&O=N103152.
Le logiciel Acrobat est nécessaire pour le téléchargement de ces pages.

Je viens de découvrir certains écrits politiques de George Sand qu’elle mentionne dans son « Histoire de ma vie » et je souhaiterais vivement que vous m’indiquiez des ouvrages ou des articles qui sont publiés sur ce thème et qui me donneraient un aperçu de ses idées. Merci d’avance.

Réponse de Sylvie Veys

Vous trouverez ci-dessous quelques références qui pourront vous être utiles si vous vous intéressez aux opinions politiques de George Sand. Tout d’abord, ses propres textes politique pour la période 1843-1850 ont été édités par Michelle Perrot :

  • SAND George, Politique et polémiques. Présentation par Michelle Perrot, Imprimerie nationale, Paris, 1997, coll. Les Acteurs de l’Histoire.

Si La Cause du Peuple vous intéresse plus particulièrement, vous trouverez dans ce recueil d’articles ceux que Sand y publia.

Pour des références plus générales sur les convictions politiques de George Sand, vous pouvez vous reporter aux ouvrages suivants :

  • CHASTAGNERET, Yves, George Sand, Lerminier et  » Le livre du Peuple  » de Félicité Lamennais, Les Amis de George Sand, 1993, n°14, pp.14-21.
  • DOLLEANS Edouard, Féminisme et mouvement ouvrier : George Sand, Ed. ouvrières, Paris, 1951.
  • HAMON Bernard, George Sand et la politique. « Cette vilaine chose… », Paris, L’Harmattan, 2001, coll. Critiques littéraires.
  • HECQUET Michèle, Poétique de la parabole. Les romans socialistes de George Sand. 1840-1845, Klincksieck, Paris, 1992.
  • LACASSAGNE Jean-Pierre, Histoire d’une amitié. Pierre Leroux et George Sand, Paris, Klincksieck, 1973.
  • LARNAC Jean, George Sand révolutionnaire, Ed. Hier et Aujourd’hui, Paris, 1948.
  • MICHAUD Stéphane dir., Flora Tristan, George Sand, Pauline Roland : les femmes et l’invention d’une nouvelle morale. 1830-1848, Créaphis, Paris, 1994.
  • MODUM, Egbuna, Les idées littéraires et politiques de George Sand et Gustave Flaubert d’après leur Correspondance, Les Amis de George Sand, 1978, n°1, pp.14-32.
  • ROUGET Marie-Thérèse, George Sand « socialiste », Bosc-Riou, Lyon, 1931.
  • Sand-Barbès : Correspondance d’une amitié républicaine. 1848-1870. Préface et notes par Michelle Perrot, Le Capucin, s.l., 1999.
  • VERMEYLEN Pierre, Les idées politiques et sociales de George Sand, Edition de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 1984.
  • WALTON Whitney, Eve’s proud descendants : four women writers and republican politics in nineteenth-century France, Stanford University Press, Stanford, 2000.

Je vous souhaite de bonnes lectures sandiennes et me tiens à votre disposition pour toute autre question.

Je recherche des références d’éditions de la correspondance de George Sand, notamment celles avec Marie Dorval et Alfred de Musset. Pouvez-vous m’en indiquer quelques unes ?

Réponse de Sylvie Veys

Il n’y a pas, à ma connaissance, d’édition de la correspondance entre Sand et Marie Dorval. Par contre, en ce qui concerne la correspondance Sand-Musset, je vous recommande l’édition suivante qui, outre les lettres, présente des extraits d’œuvres des deux auteurs ainsi que des textes de leurs contemporains :

  • Sand et Musset. Le roman de Venise. Composition, préface et notes de José-Luis Diaz, Actes Sud, Arles, 1999, coll. Babel, n°381, 567p.

La correspondance générale de Sand, éditée par Georges Lubin, est bien sûr une mine d’informations. Vous y trouverez notamment les lettres adressées par Sand à Marie Dorval.

  • SAND, George, Correspondance générale, Edition de Georges Lubin, Garnier, Paris, 1964-1991, coll. Classiques, 25 tomes.

Si George Sand épistolière vous intéresse particulièrement, vous trouverez ci-dessous quelques références de correspondances de Sand avec quelques illustres contemporains :

  • Correspondance Flaubert-Sand. Texte édité, préfacé et annoté par Alphonse Jacobs, Flammarion, Paris, 1981, 602p.
  • Lettres inédites de George Sand et de Pauline Viardot. 1839-1849. Notes et introduction de Thérèse Marix-Spire, Nouvelles Editions Latines, Paris, 1959, 319p.
  • Marie d’Agoult. George Sand. Correspondance. Edition établie, présentée et annotée par Charles F. Dupêchez, Bartillat, Paris, 1995, 303p.
  • Sand-Barbès : Correspondance d’une amitié républicaine. 1848-1870. Préface et notes par Michelle Perrot, Le Capucin, s.l., 1999, 189p.

Finalement, voici les références d’un album présentant un choix de lettres de Sand à ses contemporains les plus illustres, illustré et préfacé par Georges Lubin.

  • Lettres de George Sand. Histoire d’une vie. 1804-1876. Préface de Georges Lubin. Textes choisis et présentés par Adeline Wrona, Scala, Paris, 1997, 224p.

J’espère que ceci vous aidera dans votre choix et je me tiens à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.
Je vous envoie mes amitiés sandiennes.

Je suis intrigué par le sous-titre d’une carte postale ancienne : « Environs de Chantilly, Couvieux, Oise. Les Bouleaux – Le dernier Bureau de George Sand ».
L’Association Les Amis de George Sand a-t-elle des éléments sur l’établissement de ce bureau au château des Bouleaux ? Dans le cas où G.S. aurait connu le père d’Henri Amic, a-t-elle séjourné aux Bouleaux ?

Réponse de Aline Alquier

Ni la lecture de la Correspondance de George Sand (éd.Lubin, t.XXIV) et du t.V de ses Agendas, pas plus que celle des souvenirs d’Henri Amic, « adopté » tardif de la romancière, ne permettent d’assurer que cette dernière a séjourné, fût-ce brièvement, au château des Bouleaux, lieu de résidence de Joséphine et Emile Borget, mère et beau-père du jeune Henri.
Les lettres retrouvées ne mentionnent, en effet, ni visite aux Bouleaux, ni rencontre de la famille, Henri excepté. Il est vrai que l’Agenda sandien, témoin souvent plus proche que la lettre des faits du jour, s’interrompt du 30 mai au 14 juin 1875, période correspondant à l’ultime voyage fait à Paris par l’écrivain, à la santé désormais chancelante, Période-clé pour un éventuel approfondissement des relations entre Sand et les Borget, car, n’ayant reçu Amic pour la première fois, à Nohant, qu’en octobre 1874, la romancière qui, tout au long de ses derniers 6 mois de vie (printemps 1876) sera privée de voyages, n’aura séjourné à Paris que du 30 mai au 11 juin 1875 (Encore passera-t-elle, à ses dires, les 3 derniers jours alitée).
Pourtant, dans un ouvrage intitulé George Sand. Mes souvenirs, Paris. Calmann Lévy, 1890, in-80, 236 p., Henri Amic évoque, sans la dater avec précision – mais il vient de rapporter des faits de mai 1875 – une visite faite par lui chez Sand, à Paris, en compagnie d’Emile Borget. Ce dernier, précise-t-il, a excusé sa femme, empêchée par la maladie, de venir remercier George Sand de ses bontés pour Henri. « Elle est si fatiguée, ajoute-t-il (p.97), qu’elle ne peut même pas songer à vous recevoir aux Bouleaux » En guise de compensation, la malade offre à George sa propre place dans leur loge d’Opéra. Toujours selon Amic, c’est au cours d’une soirée où fut représentée La Juive qu’eut lieu la deuxième rencontre du trio. Il décrit George Sand avant tout captivée par la découverte du grand escalier. A l’entracte, signale-t-il, M. Borget aurait confié à l’écrivain l’émotion par lui ressentie à la lecture de ses romans, « Consuelo, par exemple ». Il se serait dit prêt à le relire. Elle : « N’en faites rien. Vous le trouveriez peut-être mauvais ! »
Bien qu’il n’y ait nulle trace de ces échanges dans les rares lettres de Sand un peu plus détaillées que ses courts billets d’excuse ou de remerciement, nous pensons que le respectueux Amic, écrivant à la première personne d’après ce qui semble avoir été un journal de jeunesse, dit simplement la vérité. Sand, qui consacre l’essentiel de son court séjour dans la capitale à consulter des médecins à propos des maux de tête, plus ou moins imaginés, de sa petite-fille Aurore, informe avant tout son fils, resté à Nohant, des faits et gestes de l’enfant, C’est ainsi que nous ne saurons, au sujet de l’Opéra, que des bribes inodores : la fillette y a passé une heure le 7 juin. Sa grand-mère l’en a ramenée après le ballet du second acte. D’autres souvenirs concordent avec ceux d’Amic : dîner chez Magny, le 31 mai, selon G.S. ; visite aux coulisses de l’Odéon le même soir: elle prend son fils à témoin de l’ébahissement du dramaturge en herbe qui n’avait encore jamais vu tant d’acteurs de si près. Elle mentionne enfin, de même que l’auteur des Souvenirs, leur visite commune, le 2 juin, précise-t-elle, à l’Exposition Corot. Le jeune homme n’oublie pas de signaler la maladie de George : elle lui vaut de tenir compagnie, au Magny, à Lina, peu soucieuse d’affronter seule la très belle et talentueuse Mme Adam.
Si les Bouleaux ne virent sûrement jamais George Sand, elle y adressa des dizaines de lettres à Henri, une bonne dizaine à sa mère, toutes relatives à l’ardent jeune homme, ultime porteur de la flamme sandienne. Cette correspondance illustre l’exemplarité de la rencontre d’une septuagénaire célèbre et d’un garçon de vingt ans qui lui écrit avoir appris la sagesse en ses livres. Ne l’ayant côtoyée que deux ans à peine, il ne la magnifiera pas moins toute sa vie, écrivant essentiellement à son propos, éditant d’abord ses lettres à lui-même (dans Souvenirs), puis, pour la première fois, les lettres de George à Flaubert (in-18, 1904). Hommage mérité par celle qui, recevant la première lettre d’Amic soldat (en novembre 1873), notait, dans son carnet : « Amic Henri, 28e de ligne. Se souvenir de lui ».

Je souhaiterais savoir dans quels ouvrages George Sand parle-t-elle des tapisseries de la Dame à la Licorne. Il me semble qu’il y en a 2. Je vous en remercie par avance.

Réponse de Sylvie Veys

George Sand mentionne effectivement à deux reprises les tapisseries de la Dame à la Licorne. Ces tapisseries étaient abritées au Château de Boussac, en Creuse, depuis 1660. C’est dans ce château que Sand les vit lors d’un court séjour au début du mois d’octobre 1841. Elle retournera plusieurs fois à Boussac, notamment pour y voir son ami le philosophe Pierre Leroux, qui y avait installé son imprimerie. Pierre Leroux deviendra d’ailleurs maire de Boussac en 1848. Sand se rendit une dernière fois à Boussac en 1870, alors qu’une épidémie de variole ravageait Nohant.
C’est dans ce château de Boussac que se déroule l’action de ce qui peut être considéré comme son premier roman champêtre : Jeanne, écrit en 1844. Sand y mentionne brièvement pour la première fois ces tapisseries :

« La plus belle décoration de ce salon était sans contredit ces curieuses tapisseries énigmatiques que l’on voit encore aujourd’hui dans le château de Boussac, et que l’on suppose avoir été apportées d’Orient par Zizime et avoir décoré la tour de Bourganeuf durant sa longue captivité. Je les crois d’Aubusson, et j’ai toute une histoire là-dessus qui trouvera sa place ailleurs. Il est à peu près certain qu’elles ont charmé les ennuis de l’illustre infidèle dans sa prison, et qu’elles sont revenues à celui qui les avait fait faire ad hoc, Pierre d’Aubusson, seigneur de Boussac, grand maître de Rhodes. Les costumes sont de la fin du XVe siècle. Ces tableaux ouvragés sont des chefs-d’œuvre, et, si je ne me trompe, une page historique fort curieuse. » (SAND George, Jeanne. Préface et notes de Simone Vierne, Glénat, Grenoble, 1992, coll. l’Aurore, pp.130-131).

Toute l’histoire de Sand trouva bien place ailleurs, puisqu’elle consacra à ces tapisseries un article : « Un coin de la Marche et du Berry : les tapisseries du Château de Boussac » qui paraîtra dans L’Illustration du 3 juillet 1847. Cet article a été réédité depuis par Georges Lubin, dans l’ouvrage suivant :
– SAND George, Promenade dans le Berry. Mœurs, coutumes, légendes. Préface de Georges Lubin, Complexe, s.l., 1992, coll. Le Regard Littéraire, n°55, pp.94-101.

J’espère avoir répondu à votre question comme vous le souhaitez et me tiens à votre disposition si vous souhaitez de plus amples informations.
Bien à vous,

Je me suis rendu compte qu’il existe peu d’ouvrages intéressants sur le rapport de George Sand avec la littérature gothique. Pouvez-vous me donner quelques indications sur l’originalité de George Sand dans la littérature gothique et son rapport avec le supernaturel ?  J’ai deux références qui me prouvent qu’elle a lu Ann Radcliffe (Une dans /Histoire de ma vie/ et l’autre dans /Consuelo/). En existe-t-il d’autres ? Savez vous si elle a lu Jane Austen ?

Réponse de Aline Alquier

Vous avez apparemment trouvé au 1er tome d’Histoire de ma vie, Autobiogr., Pléiade, IIIème partie, chap XI, les pp.889-891 relatives à la vie au couvent, évoquant l’inspiration « gothique ».*

Parmi les études sur les rapports de Sand avec cette influence, voici, pour le cas où vous ne les connaîtriez pas encore :  
-> La Porporina. Entretiens sur Consuelo, éd. Presses Universitaires de Grenoble, 1976 (notamment, Jean Sgard, Effets de labyrinthe
-> Autre recueil issu d’un colloque : Lecture de Consuelo / La Comtesse de Rudolstadt de George Sand, sous la direction de Michèle Hecquet et de Christine Planté, Presses Universitaires de Lyon, « Littératures et idéologies », 2004. (Notamment, Joëlle Prungnaud, professeur de littérature comparée à l’université Charles de Gaulle (Lille III), Demeures gothiques, pp.119-132. J.Prungnaud est l’auteur d’une thèse de doctorat intitulée Gothique et décadence. Recherche sur la continuité d’un mythe et d’un genre au XIXème siècle en Grande-Bretagne et en France, éditée par Champion, 1997). 
-> Isabelle Hoog Naginski, George Sand, l’écriture ou la vie, Champion, 1999, chap VIII (Consuelo et La Comtesse de Rudolstadt : du roman gothique au roman d’initiation, pp. 221-234) . se réfère à l’analyse de Maurice Lévy, Le Roman « gothique » anglais, 1764-1824, Toulouse, Publications de la faculté des lettes et sciences humaines de Toulouse,    1968 .. en dehors de Consuelo (« ce roman le plus gothique des oeuvres de George Sand »), I.Naginski signale des éléments d’architecture et d’atmosphère gothique au commencement de Mauprat , ainsi que dans Le Château des Désertes, Spiridon, Lélia
-> Catherine Plat, Sand, le roman gothique à la française, mémoire de maîtrise, Paris III, 1992, dirigé par J.Gillet. L’auteur enquête sur L’Homme de Neige, La Daniella et Le Beau Laurence. Elle interroge également la biographie de la romancière. Dand un compte-rendu de ce mémoire (Revue des Amis de George Sand, n°15, année 1994, p.55), Michèle Hecquet souligne que l’auteur de prédilection de Sand est Ann Radcliffe, « dont elle reprendra le fantastique rationalisé, l’élucidation des phénomènes anormaux… C’est là, d’une manière générale, le choix français, qui fera des formes animées par le gothique un usage allégorique. Catherine Plat suit, dans la seconde partie de la carrière de Sand, la dégradation de ces schèmes par l’usage ludique ou parodique qu’en font les personnages. Les seules erreurs d’appréciation de C.Plat découlent des limites – inévitables – de sa recherche. Ne s’attachant pas au gothique allemand et à son intérêt pour les sociétés secrètes, elle méconnaît la valeur, fût-elle provisoire, que Sand leur accorde parfois ; la valeur des motifs gothiques dans l’imaginaire politique lui échappe également ; la réalité politique  du XIXème siècle confère au motif de la forteresse prison, du souterrain, du supplice, un retentissement profond… ». 
Trente ans de consultations d’oeuvres sandiennes ne nous ont pas permis de découvrir la moindre allusion à Jane Austen, non plus qu’aux autres grandes romancières d’outre-manche

Dans le cadre d’un mémoire de Master, j’étudie le célèbre tableau « Franz Liszt au piano » de Josef Danhauser. Je m’intéresse tour à tour aux personnages qui composent l’oeuvre, mais je cherche surtout à établir des liens entre ces artistes et le peintre viennois auteur du tableau. Josef Danhauser est, malgré cette oeuvre, très peu connu, voir quasi oublié. Je recherche donc des informations, à savoir si George Sand connaissait ce artiste autrichien, si éventuellement elle l’a rencontré (ce que je ne pense pas).En tous les cas, a-t-elle eu connaissance de l’oeuvre, datant de 1840 ?

Réponse de Nicole Savy

Le nom de « Danhauser » n’apparaît pas dans la correspondance de George Sand, ni dans ses agendas. Il semble exclu qu’aucun lien ait existé entre Danhauser et George Sand, ni qu’elle ait eu connaissance de ce tableau extrêmement fragile et jamais prêté pour des expositions, il n’a pas dû beaucoup voyager. Quant au peintre, viennois, il a représenté tous les personnages à partir de portraits existants, dont il a pu voir la reproduction. Pour Sand, une gravure de Calamatta, d’après le premier portrait par Delacroix(disparu), gravure d’ailleurs éloignée du tableau, ou de Boilly, les deux se ressemblent assez. Bien entendu c’est une allégorie, tous ces artistes ne se sont jamais retrouvés ensemble.

Je m’intéresse aux textes de George Sand parlant de son goût des chevaux. J’ai pu voir sur internet les citations tirées de sa « Correspondance » ou d’ »Histoire de ma vie »… Auriez-vous la gentillesse de me recommander d’autres lettres, préfaces ou livres ?

Réponse de Aline Alquier

Les premières héroïnes flamboyantes de Sand sont des amazones chasseresses (cf. les romans Valentine, Mauprat, Simon). Le cheval convient à leur énergie et exalte leur courage.
Correspondance – cf .les tomes correspondant aux années de jeunesse. Après quarante ans, Geoerge Sand a abandonné plus ou moins le cheval. Le tome I est censé être le plus riche à cet égard (1812-1831). Cependant il est dépourvu de l’index particulier à George Sand, qui, dans les tomes suivants permet de couvrir tout le champ cheval. Vous trouverez néanmoins au t.I (p. 211-222) dans une lettre du 24 octobre 1825 à Aurélien de Sèze, largement consacrée à une chasse à cheval en Gascogne, (cf p.213) un hymne à sa jument Colette et à l’équitation en général. Une des dernières chavauchées de Sand est une course hippique organisée par M.Brèves-Lancosme, au début des années 1840. Elle y a participé sans enthousiasme aux côtés de sa fille.

J’aimerai avoir une réponse concernant le désir de se suicider de George Sand qu’évoque l’écrivain Pascal Quignard dans son dernier roman « les désarçonnés ». J’ai écouté l’émission la grande Librairie sur France 5,  le 4 octobre,  où il parle de cet évènement dont je n’avais aucune connaissance. Etant passionnée par la vie et l’oeuvre de notre chère George, pouvez-vous me dire où je peux trouver une réponse historique à cette éventualité ?

Réponse de Bernard Hamon

Je ne connais aucune tentative de suicide de la part de George Sand
Cependant elle fut tentée, dit-elle, de mettre fin à ses jours. Ainsi écrit-elle au docteur Pagello en février ou mars 1834 (Corr., t. II): « Dès le jour où j’ai aimé Alfred [de Musset] j’ai joué à tout moment avec le suicide. Je me suis habituée à dire, encore un mois, encore une semaine, et puis deux balles dans la tête ou une dose d’opium dans l’estomac…
J’ai été aussi loin dans le desespoir qu’une âme humaine peut aller. « 
Voir aussi la lettre à Sainte-Beuve datée du 14 avril 1835 et quelques autres où elle fait allusion à la tentation de quitter ce monde: « N’ai-je pas fini ma tâche, et si la fatigue m’a anéantie, ne suis-je pas libre de partir? » Corr., t.II, à J. Boucoiran, 10 sept 1834.
Les années 1833 et 1834 sont des années de dépression malgré les succès littéraitres, mais encore faut-il faire la part du romantisme ambiant, de ses déceptions sentimentales Musset, Mérimée etc.
Une fois ces dépressions surmontées je ne vois guère d’idées de ce type.