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LA QUESTION DU MOIS : GEORGE SAND ET GARIBALDI

Je recherche les écrits que George Sand a produits sur Garibaldi. Pouvez-vous m’indiquer les références concernées et où je peux trouver ces documents ?

Hervé S. (Pessac)

1° George Sand n’a jamais rencontré Garibaldi. Elle n’a jamais correspondu avec lui. (Ou alors aucune lettre n’a encore été retrouvée).
Mais elle a approuvé ses combats libérateurs, et lui a consacré une brochure intitulée Garibaldi, écrite au début 1859, après la sanglante bataille de Solferino.
Cette brochure éditée par la Librairie Nouvelle de Bourdilliat (16 pages in 8°), fut annoncée le 23 Juillet par la Bibliographie Française.
Par ailleurs une lettre à Aucante du 2 Juillet 1859, Corr. GS, p.447 du tome XV mentionne ce travail de l’auteur.
 « J’ai essayé aujourd’hui de commencer l’article sur Garibaldi…je voudrais bien le faire…je ne sais pas si je ferai quelque chose qui vaille…malheureusement je manque de détails d’un caractère sérieux sur sa vie de coeur et sur ses opinions motivées. Le livre de cette Madame Louise  Goethe est d’une stupidité à dégoûter du sujet. N’importe, je n’y renonce pas et je vous dirai bientôt si ça vient ».
 (Garibaldi. Sa  vie,son enfance, ses exploits militaires, suivis de documents historiques sur la guerre d’Italie  par Mme Louise Goethe, Paris, Lebigre-Duquesne, 1859, in-32.)

2° On retrouve des traces de Garibaldi dans les Agendas de George Sand :
   Ainsi le 17 Mai 1860 (Agenda II)  » on parle politique et Garibaldi « 
   Puis le 18 Mai1860   » Garibaldi va bien, il est à Marsala »
   Et le 26 Mai, Manceau écrit  » Madame fait une suite à la brochure de Garibaldi « 
(Ce sera la 2° édition, 36 pages in 12, chez le même éditeur en 186O)
   Le 30 Juillet 1860, est notée l’entrée victorieuse à Messine de Garibaldi chassant de Sicile les Napolitains.

   Le tome III des Agendas évoque une situation qui se dégrade.
   Le 1° Septembre 1862 on peut lire, le héros  » prisonnier et très blessé « 

   En 1863, George Sand rend compte dans le journal  La Presse, du livre d’Auguste Vacquerie, consacré à Jersey et à ses proscrits (Les Miettes de l’Histoire). Parmi ces grands exilés à la suite de Napoléon, Hugo, Leroux, Quinet, elle cite le révolutionnaire Mazzini, et l’insurgé permanent que  fut Garibaldi.

   Le tome IV devient plus critique à l’égard de celui qui « a voulu soulever mal à propos la question religieuse  » au congrès de la Paix à Genève.
    » Il eut fallu dire : chacun sa foi, libre, plus de religion d’Etat. IL a parlé de détruire celle de Rome, pour en faire   une autre. Ce héros ne comprend pas l’histoire  »  (13 -09-1867)
  
S’évadant à peine repris, Garibaldi ne cesse pourtant pas de se battre. La guerre franco-prussienne le fait s’engager à la tête d’un corps franc au service de la France. Comme nombre de ses compatriotes, GS se félicite des coups d’éclat qu’on prête à tort ou à raison à cet entraîneur d’hommes. Jusqu’à ce qu’une de ses proclamations soit cosignée par un compagnon d’armes Joseph Bordonne, connu de Sand et mal jugé par elle semble-t-il pour des raisons personnelles. La découverte arrache à l’auteur cette exclamation: (Agendas IV, 7 février 1871): »quelle douleur de voir le héros devenir gâteux! Ah, mon pauvre Barbès, tu es mort à temps avec ton auréole ».

Note
Au tome XIV de son édition de la Correspondance de GS., Georges Lubin consacre une notice assez nourrie à Joseph Bourdon, dit Bordonne qui, né à Avignon en 1821, exerça quelque temps la chirurgie avant de se retrouver de 1856 à 1858…directeur des mines de lignite de Montgivray et des mines de plomb argentifère d’Urciers [à 13 Kms de La Châtre] Présenté à Sand le 3 août 1856 (Agendas I), il semble avoir fréquenté d’abord assidûment les Sand mais il serait vite devenu importun. Plus grave: deux condamnations en correctionnelle ont mis fin à ses activités berrichonnes. Cet aventurier quelque peu escroc eut ses moments de courage. Entré en relation avec Garibaldi, il l’accompagna dans l’expédition de Sicile. Dix ans plus tard il fut, dit G.Lubin, »chef d’état-major de la 1re armée des Vosges, la seule qui ne capitula pas. Il fut alors nommé général ». Héros « gâteux » et compagnon douteux ne firent  donc pas trop mauvaise figure en ce temps de « capitulards’’ 

Bibliographie.

  1. Garibaldi in GS, Questions politiques et sociales, pp 321-346, éditions d’aujourd’hui, 1977
  2. GS et l’empire des lettres, La Guerre contre l’Autriche, Bernard Hamon, Presses universitaire du Nouveau Monde, pp. 65-70, New Orléans, 2004.
  3. GS et le prince Napoléon, Bernard Hamon, Lancosme multimédia, 2008, pp 130-131

 

Colette PETIT-PERRIN- Aline ALQUIER – 31-05-2010