camée George Sand LES AMIS DE GEORGE SAND

visuel du colloque George Sand et les sicences de la Vie et de la Terre

Appel à communications
Responsable Martine Watrelot


Sommaire


Ce colloque interdisciplinaire et international sera consacré à  » George Sand et les sciences de la Vie et de la Terre « . Les travaux portant sur George Sand et les oiseaux, George Sand et la botanique et sur son roman Laura Voyage dans le cristal (séminaire  » Pasquali  » 2014) mettent davantage l’accent sur la dimension imaginaire de la création sandienne que sur la dimension scientifique. Or, comme l’écrit Anna Szabò (in George Sand, entrées d’une œuvre p.182),  » l’information scientifique de Sand, impressionnante, ne prend pas toujours la forme de leçons proprement dites : elle alimente des visions, elle est source d’émerveillement devant les richesses et les variétés du monde. Le lecteur, moins savant en cette matière, prend facilement pour du fantastique ce qui n’est que du réel « . C’est donc à une telle réévaluation que se propose d’œuvrer ce colloque qui clôturera l’exposition temporaire  » George Sand au Muséum  » portée par l’association Les amis de George Sand et le Muséum de Bourges.

Organisé en partenariat avec le Muséum de Bourges, le Muséum d’Histoire naturelle de Paris et le Centre d’études des correspondances et journaux intimes, le colloque s’orientera selon trois axes :

a) Connaissance du réel

Sand s’insérait dans un réseau de sociabilité de scientifiques, de collectionneurs avertis, de marchands de minéraux, de fossiles ou d’insectes mais aussi d’éminents professeurs du Muséum. En cherchant à élargir les études sandiennes qui ont surtout porté sur le domaine du monde vivant (botanique, entomologie, ornithologie…) à l’intérêt de la romancière pour la géologie, la géographie, la paléontologie, les origines de l’homme, ce colloque souhaiterait évaluer l’étendue des savoirs de Sand et déterminer la spécificité de sa pratique scientifique ainsi que les modalités de sa démarche. L’étude de ses œuvres autobiographiques et de sa correspondance pourrait permettre de retracer sa formation intellectuelle scientifique : l’ouverture aux sciences nouvelles, les connaissances et références paléontologiques sur lesquelles l’écrivaine s’appuie etc. ; et la méthodologie qu’elle adopte : la part laissée à l’observation, au doute, à la vérification de l’hypothèse…

Ces communications viseraient à étudier les procédés et les contenus scientifiques qu’elle privilégie, à déterminer son apport à l’histoire culturelle et aux avancées des sciences naturelles du XIXe siècle voire de sciences médicales comme l’hydrothérapie ou l’homéopathie. Puisque, pour Michel Foucault, l’Histoire naturelle consiste en la nomination du visible (Les mots et les choses : Une archéologie des sciences humaines, 1966), figureraient aussi dans cet axe des travaux voués à l’étude de la taxinomie (en tant que science de la classification) et du lexique spécialisé des sciences naturelles utilisés par Sand.

b) Transmission des savoirs et travail de l’imagination

Les relations que la romancière, férue de sciences naturelles, tisse entre sciences et imagination sont complexes. Sand opte volontiers pour un réalisme merveilleux : le basculement dans un monde régi par d’autres règles s’opère soit par une confusion liée à la polysémie des termes (Le Nuage rose, L’orgue du Titan, La Fée poussière etc.) soit par un rêve étrange qui laisse le personnage, et le lecteur parfois, dans l’incertitude de la réalité de ses visions. Le surnaturel naît du langage, il en est à la fois la conséquence et la preuve. Certains de ses romans s’apparentent de ce fait au genre fantastique (Laura, voyage dans le cristal) tel qu’il est défini dans l’Introduction à la littérature fantastique de Tzvetan Todorov. Toutefois, toujours soucieuse d’éducation populaire, l’écrivaine est aussi une infatigable vulgarisatrice des savoirs transmis par le truchement de fictions destinées à un lectorat plutôt féminin ou à de jeunes enfants. Elle participe de fait à un mouvement, développé en Angleterre, de fictions scientifiques destinées à la jeunesse. En dépit d’une relégation fréquente des Contes d’une grand-mère dans le registre du merveilleux ou des contes de fée, Sand forme ses lecteurs à une lecture distante de ces modèles, par le recours, souvent négligé, à l’humour :  » la question [étant] de savoir s’il y a des fées ou s’il n’y en a pas  » (Contes d’une grand-mère) ou à la fable sociale (Histoire du véritable Gribouille). Les champs disciplinaires des savoirs ne sont pas pour elle hermétiquement isolés les uns des autres, ils sont aussi le moyen de former l’ » honnête homme  » moderne. Au fil de ses créations, elle dessine une figure du savant dialoguant avec l’artiste. Cet axe-ci viserait donc à apprécier les effets du jeu entre sciences et imagination mené par Sand tant du point de vue poétique, rhétorique, scientifique, que didactique, voire politique.

c) Philosophie, sciences et politique

On peut aussi s’appuyer sur ses articles, critiques ou non, tels ceux donnés à la Revue des deux mondes par exemple, sur sa correspondance et ses agendas pour recenser ses lectures documentaires, définir sa philosophie de l’Histoire dite naturelle, évaluer son adhésion à la théorie de l’Évolution des espèces. Que savait-elle des débats évolutionnistes qui opposent Georges Cuvier à Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et Jean-Baptiste de Lamarck ? Quelle connaissance, et acceptation, avait-elle des théories de Charles Darwin?

Le projet scientifique s’inclut dans un programme plus large né de l’adhésion à certains aspects du saint-simonisme voués à l’émergence d’un monde  » régénéré  » et globalisé. Il s’agirait cette fois de comprendre dans quel système philosophique, éthique, et politique d’ensemble s’insèrent l’activité et les textes scientifiques de Sand, lectrice attentive de Terre et ciel publié en 1854 par Jean Reynaud, et se demander dans quelle mesure on pourrait appliquer à Sand ce qu’Émile Durkheim (Le socialisme : sa définition – ses débuts – la doctrine saint-simonienne , chapitre 6  » La doctrine de Saint-Simon « , 1928) retient de la pensée de Claude-Henri de Saint-Simon :  » Les sciences humaines doivent être construites à l’imitation des autres sciences naturelles, car l’homme n’est qu’une partie de la nature. Il n’y a pas deux mondes dans le monde, l’un qui relève de l’observation scientifique, et l’autre qui y échappe. Mais l’univers est un, et c’est la même méthode qui doit servir à l’explorer dans toutes ses parties « .

Il s’agirait de savoir en quoi l’étude des sciences de la Vie et de la Terre pourrait être le moyen de réaliser un changement social – incluant la relation des êtres vivants entre eux et avec le milieu dans lequel ils vivent – auquel Sand a voulu œuvrer de manière pratique autant qu’idéologique.


Le projet de communication sera résumé en 4 000 caractères espaces compris avec bibliographie, et transmis pour le 31 octobre 2015 à gsand.svt@gmail.com

Retour de l’avis du comité scientifique début janvier 2016

télécharger l’appel à communications et la bibliographie indicative au format pdf


Comité organisateur :

  • Brigitte Diaz, LASLAR, EA 4256, Université de Caen
  • Claire le Guillou, EA 7289, Centre d’études des correspondances et journaux intimes, Université de Bretagne occidentale
  • Michèle Lemaire, Conservateur en chef au Muséum d’Histoire naturelle de Bourges
  • Jean-Sébastien Steyer, CR2P, UMR CNRS 7207, Université Pierre et Marie Curie, École. Pratique des hautes études, MNHN Paris
  • Martine Watrelot, UMR IHRIM, CNRS-ENS de Lyon

Comité scientifique :

  • Pascale Auraix-Jonchière, Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
  • Olivier Bara, Université de Lyon 2, directeur de l’UMR IHRIM, Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités, CNRS-ENS de Lyon
  • Claire Barel-Moisan, École Normale Supérieure de Lyon
  • Jean-François Chassay, Université de Montréal UQAM, Canada
  • Claudine Cohen, École des hautes études en sciences sociales, Paris
  • Brigitte Diaz, Université de Caen-Basse-Normandie
  • Michèle Hecquet, Université de Lille 3
  • Isabelle Hoog-Naginski, Tufts University Massachussetts, USA
  • François Kerlouegan, Université de Lyon 2
  • Pierre Moret, Université de Toulouse 2 – Jean Jaurès
  • Philippe Régnier, directeur de recherches CNRS
  • Jean-Sébastien Steyer, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris
  • Anna Szabò, Université de Debrecen, Hongrie
  • Laurence Talairach-Vielmas, Université de Toulouse 2-Le Mirail et Centre Koyré (Histoire des sciences et des techniques)
  • Nicolas Wanlin, École Polytechnique, Paris