« La science du journalisme. George Sand et la presse »
19 au 21 juin 2008
Colloque international organisé par le centre RIRRA 21
Salle Pierre Jourda
Université Paul Valéry-Montpellier 3

Si ces dernières années, les oeuvres journalistiques de grands écrivains romanciers du XIXe siècle (Honoré de Balzac, Théophile Gautier, Stendhal) ont été exhumées et réhabilitées, cette opération reste encore à entreprendre pour George Sand dont on oublie souvent qu’elle fut une journaliste fort prolixe tout au long de sa vie.

Son attachement au journal ne fut certes pas totalement désintéressé. Elle y participe aussi, notamment aux périodes de grandes crises de la librairie, parce qu’il constitue une source de revenus considérable. Comme ses contemporains, elle n’a pas toujours échappé non plus aux facilités de la presse (réclames, camaraderie littéraire) et elle a quelquefois utilisé les périodiques avec ruse pour régler des polémiques personnelles. Mais George Sand, plus que la plupart de ses contemporains, croit au Journal. Elle n’est pas aveugle aux nombreux excès qu’il provoque mais globalement elle le conçoit comme un instrument de démocratisation des masses et de progrès social. Ce colloque aura donc comme premier objet d’étudier les relations de George Sand avec la presse notamment dans l’édification d’une pensée du média, avec ses crises et ses aléas.

Sa production journalistique fort diverse constitue une masse impressionnante (plus de 300 articles). Polygraphe, elle ne s’est pas cantonnée à une forme ou une rubrique mais elle a utilisé toute la palette du journaliste et du reviewer (grands articles critiques, brèves, feuilletons, variétés). Elle a fréquenté tous les types possibles de journaux : quotidiens, grandes revues, magazines, illustrés, petits journaux littéraires… Elle ne s’est pas restreinte non plus à un genre : elle a pratiqué la critique dramatique, la critique littéraire, la critique picturale, la critique musicale, les grands articles politiques, le récit de voyage, les études de mœurs, les nécrologies, le billet d’humeur, le droit de réponse. Elle-même ne considérait pas cette production comme mineure dans l’ensemble de son œuvre puisque régulièrement elle s’est évertuée à faire publier en recueils ses articles. Suivant les souhaits de George Sand, cette production journalistique doit être réhabilitée d’abord pour elle-même. Elle est absolument exemplaire d’un parcours de grand écrivain-journaliste qui, à la fois, est réceptif aux mutations d’une écriture journalistique en plein bouleversement mais qui fait aussi du journal très explicitement sa propre œuvre en détournant tous les codes attendus pour produire des textes hors norme. Un deuxième objet de ce colloque concernera donc la poétique journalistique inventée par George Sand.

Cette production journalistique est également à lire en parallèle avec l’œuvre, non seulement parce que l’art critique est un art poétique et que son renouvellement éclaire l’œuvre dans son ensemble ; mais aussi plus finement parce que les traumatismes historiques – et notamment l’échec de 1848 et peut-être à un niveau moindre, le bouleversement de 1870 – induisent des basculements de poétique et de positionnement auctorial qui apparaissent beaucoup plus manifestement dans l’œuvre journalistique que dans l’œuvre romanesque par exemple. Un troisième axe de ce colloque envisagera la lecture de l’œuvre globale à la lumière de l’œuvre journalistique.

Jeudi 19 juin 

9h00 -Ouverture du colloque par le président de l’université.

Présentation du RIRRA 21 par Pierre Citti, directeur du centre

9h30 Marie-Eve Thérenty (RIRRA 21, Université de Montpellier 3, IUF) : George Sand journaliste : panorama.

 

Matin : Un journalisme engagé ?
Présidence de séance : Jean-Yves Mollier, (université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines)
10h00 José Luis Diaz (université de Paris VII), « Sand et la revue des deux mondes : la rupture (1841-1842)»
10h30 Thomas Loué, (université de Strasbourg), « George Sand fut-elle un « auteur Revue des Deux Mondes » ? Quelques remarques sur un auteur en institution (1858-1875) »
Pause
11h30 Michèle Hecquet (université de Lille III), « Frédéric Degeorge, journaliste républicain »
12h00 Cathy Nesci, (University of California, Santa Barbara) : « George Sand, journaliste politique ? Communication et espace public au féminin »

Après-midi : Stratégies journalistiques
Présidence de séance : Pierre Citti (RIRRA 21 , Université de Montpellier 3)
14h30 Philippe Régnier (UMR-LIRE-Lyon), « George Sand et les journalistes saint-simoniennes »
15h00 Alice Primi (Paris VIII), « George Sand et ses consoeurs. Originalités du journalisme sandien sous le Second Empire »
15h30 Nigel Harkness, (Belfast, Irlande), « Pour une écriture journalistique féminine ? »
Pause
16h30 Anna Szabo (Université de Debrecen, Hongrie). « George Sand et la presse à la lumière des préfaces »
17h00 Béatrice Didier, (ENS- Paris)« Le dialogue entre les préfaces d’œuvres complètes et la presse »

Vendredi 20 juin :

Matin : Les temporalités de l’écriture journalistique
Présidence de séance : Christine Planté (UMR LIRE-Lyon 2)
9h30 Claudine Grossir, (IUFM de Paris) « L’invention de l’actualité»
10h00 Nicole Mozet, (Paris VII)  « Écrire l’histoire et publier dans l’urgence : Le Journal d’un voyageur pendant la guerre (RDM, mars-avril 1871) et Francia (mai-juin 1871) »
10h30 Olga Kafanova, (université de Tomsk) « Le dialogue entre la correspondance intime et la lettre ouverte  : le cas de la lettre à Tourgueniev »
Pause
11h30 Michèle Fontana (UMR-Lire, Lyon II), « George Sand face à sa caricature ».
12h00 Pierre Laforgue (université de Besançon)« La question du recueil sandien »

 Après-midi  : La palette des genres journalistiques
Présidence de séance : Olivier Bara (UMR LIRE-Lyon 2)
14h30 Gabrielle Melison, (université de Nancy I), « Les articles nécrologiques de George Sand : traitement et évolution d’un genre codifié» 
15h00 Roland Le Huenen (université de Toronto) « George Sand et la poétique du voyage : des récits à leur recension »
Pause
16h00 Anne McCall, (Tulane university), « La stratégie de la lettre ouverte »
16h30 Catherine Masson, (Wellesley college) « Le Père Va-tout-seul : théâtralisation de l’article politique sandien »

Samedi 21 juin

Matin : George Sand critique
Présidence de séance : Martine Lavaud (RIRRA 21, université de Nîmes)
09h30 Christine Planté, (UMR-Lire, Lyon II) « George Sand critique littéraire»
10h00 Eric Bordas (ENS Lyon),« Rhétorique de la défense chez George Sand critique »
10h30 Cary Hollingshead-Strick, (Paris IV et Penn University). « Dégager le chemin entre le rêve théâtral et l’opinion publique : George Sand et la critique théâtrale »
Pause
11h30 François Kerlouégan, (Paris), « Un grand effet obtenu par les moyens les plus simples » : George Sand critique d’art
12h00 Marie-Hélène Girard, (Yale university), « Critique d’art, George Sand dans la mêlée » 

Après-midi : feuilletons
Présidence de séance : Sylvie Triaire (RIRRA 21, université de Montpellier 3)
14h00 Isabelle Hoog-Naginski, (Tufts university), «  Spiridion entre la Revue des deux mondes et la Revue indépendante»
14h30 Lise Dumasy, (université de Grenoble 3) : « La publication en feuilletons d’une autobiographie : Histoire de ma vie de George Sand »
Pause
15h30 Olivier Bara (UMR-Lire, Université de Lyon 2) : « Lucrezia Floriani : Poétique et éthique d’un anti-feuilleton »
16h00 Daniel Desormeaux (university of Kentucky), « George Sand et le roman feuilleton : le cas des Beaux-Messieurs de Bois-Doré »

Pour tout renseignement : Marie-Eve Thérenty (met@club-internet.fr)