Notre amie Jeannine Tauveron, vice-présidente de l’association depuis 1985, nous a quittés. Georges Lubin l’avait sollicitée pour faire introduire la musique dans l’association, et elle entra au Conseil en 1980. Elle invita alors nos adhérents au récital de piano romantique qu’elle organisait chaque année dans les salons privés du lycée Condorcet. Il nous sera permis de profiter dix ans de suite de ces « concerts aux chandelles », animés par les meilleurs interprètes des Jeunesses Musicales de France.
Elle avait par ailleurs fondé le festival « Les fêtes musicales du Château de Pionsat », à Pionsat, dans le Puy de Dôme, où elle était né.
Nous reproduisons ci-dessous le discours prononcé le 6 janvier par Monsieur Gaumet, Maire de Pionsat, lors de ses obsèques en l’église Saint Antoine de Padoue à Paris, en nous associant pleinement à cet hommage.

 

 

Discours d’hommages et de remerciements à Jeannine Tauveron

Par Jérôme GAUMET, Maire de Pionsat

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C’est avec une émotion, profonde et vive, que j’adresse ici au nom des habitants de Pionsat, et sans doute de beaucoup d’auvergnats, un dernier au revoir à Jeannine Tauveron.

Jeannine était une gestionnaire de profession, passionnée par la jeunesse, la musique et le château de Pionsat.

Sans chercher à être exhaustif, rappelons que sa carrière professionnelle s’est déroulée au sein de l’ Education Nationale. Passant d’une région à une autre, de Montluçon au Lycée Condorcet à Paris, au gré de son évolution professionnelle qui fut d’une ascendance constante, guidée par une ferme volonté d’être utile et de contribuer à l’Education des jeunes et à leur épanouissement.

Rapidement sa passion pour les jeunes rencontra celle de la Musique. A partir des années soixante-dix, l’engagement bénévole de Jeanine dans des activités musicales s’affirma : de 1970 à 1979, elle fut déléguée des Jeunesses Musicales de France à Châteauroux – la création de l’Ecole nationale de musique et de danse de Châteauroux est à mettre à son actif –  présidente des Jeunesses Musicales de France de la région Centre , puis membre du comité directeur des Jeunesses Musicales de France et Membre fondateur du comité des Fêtes romantique de Nohant.

En 1980, elle fit le lien avec sa troisième passion : le Château de Pionsat – où elle vit le jour – en fondant le festival de musique « Les Fêtes musicales du château de Pionsat » dont elle fut pendant un peu plus de 30 ans l’incontestable directrice artistique. Son engagement la porta aussi à devenir présidente de l’association des Amis du Château de Pionsat ces dernières années.

Le développement des Fêtes musicales du château de Pionsat doit tout à Jeannine, tant pour ses connaissances musicales, son entregent dans le domaine culturel que pour sa culture artistique au sens large qui en faisait une personnalité à part et reconnue dans notre région. D’ailleurs, je rappelle que Jeannine était aussi secrétaire de la société Chopin à Paris et vice-présidente des Amis de Georges Sand.

Grâce à elle, notre château accueille chaque année des artistes de grand talent et souvent de renommée internationale comme Jean-Philippe Collard, Jean-Marc Luisada ou Racha Arodaky… Ce festival est une chance considérable pour notre territoire rural ; le vecteur d’une  image d’ouverture et d’une certaine forme « d’élégance ».

Ce festival connaît un succès qui ne se dément pas et a fait l’objet d’une reconnaissance de qualité pour son 25eme anniversaire quand le ministre de la Culture nous a fait l’immense honneur de placer le programme 2004 sous son haut patronage. Rappelons aussi – et Jeannine y tenait beaucoup – que les Fêtes musicales du château de Pionsat font partie avec le festival de La Chaise-Dieu, pour l’Auvergne, de la Fédération des festivals internationaux de musique « France festival ».

Les raisons du succès des Fêtes musicales du château de Pionsat sont à rechercher dans le fait que Jeannine a su trouver une formule qui allie excellence musicale, convivialité et découverte. Jeannine faisait partie des gens que l’on pourrait qualifier de « cicerone culturel ». Quelqu’un qui vous prend la main pour vous faire découvrir de nouveaux horizons ou de nouveaux univers musicaux toujours plus « intrigants ». Quelqu’un qui fait le lien entre le profane et l’éclairé.

Son compagnonnage avec l’association Chemin de musique s’inscrit dans cette démarche et y trouve sens autant qu’il y fait sens.

Jeannine était quelqu’un de passionné et de persévérante, qui savait imposer sa frêle personne par un réel sens politique et une grande courtoisie. Elle était Officier des palmes académiques, avait reçu la médaille de vermeil de la ville de Paris et depuis 2007 était nommée au grade de Chevalier des Arts et Lettres.

C’est donc un être précieux et rare qui nous quitte. Une amie dont nous garderons le souvenir des moments partagés, des joies éprouvées, des peines supportées et des espérances nourries.

« Le souvenir est le parfum de l’âme », disait George Sand. Aussi, à l’heure de ce suprême adieu, nous nous souvenons combien Jeannine a cherché à élever nos âmes et savons que sa pensée continuera à nous envelopper.

Chère Jeannine, je vous apporte ici le témoignage d’un regret douloureux et l’hommage collectif d’une profonde et juste reconnaissance.